Chapitre 2
Orthogenic evolution ou le ProgrÈs selon Hobhouse

1. Lien entre l’harmonie et le progrès

1.1. Complexité du concept d’harmonie dans la politique sociale et dans la sociologie

La complexité du concept d’harmonie, signalée ci-dessus, n’apparaît pas uniquement lorsque l’on compare son sens dans la philosophie(philosophy proper) et dans le domaine de la politique sociale. Une même difficulté est, en effet, également présente au sein même des théories politiques et sociologiques. Cela est dû au fait que l’harmonie représente, dans le système hobhousien, à la fois un idéal qui équivaut au bien rationnel et qui est, à ce titre, conçu comme le but du progrès social et un principe à l’oeuvre dans la réalité sociale qui permet ce progrès77.Or, ce dernier est un des principaux objets d’étude de la sociologie de l’auteur et l’harmonie, en tant que principe, y est décrite comme un fait avéré. L’auteur la définit comme une force agissante, qui rend le progrès possible voire probable, bien qu’il n’en déduise pas, néanmoins, que l’évolution sociale, dans son ensemble, constitue nécessairement un progrès.

L’oeuvre de Hobhouse est ainsi élaborée autour de ces deux concepts centraux que sont l’harmonie et le progrès. Ils organisent le système politique et sociologique, en entretenant l’un avec l’autre des correspondances nécessaires, dont l’oeuvre tire sa cohérence générale. En effet, si la conception harmonique envisage la réalité comme un tout, il s’ensuit forcément que tout phénomène est non seulement lié aux phénomènes contemporains, mais aussi qu’il résulte de phénomènes précédents, par conséquent, que tout phénomène social est la conséquence d’une évolution. Qui plus est, lorsque l’on examine l’évolution sociale, il apparaît qu’elle va dans le sens d’une plus grande harmonisation, en d’autres termes qu’elle comporte intrinsèquement les facteurs du progrès, à la fois parce que le caractère organique de la société se renforce et parce que, ce faisant, cette dernière se rapproche du bien rationnel.

Notes
77.

 Cette distinction, comme toute distinction opérée pour expliciter la pensée de Hobhouse requiert une certaine prudence, ne serait-ce que pour les raisons évoquées plus haut voir chapitre 1, section 4.