3.2.4. La prise de conscience du rôle de la raison

L’auteur prétend, en effet, que la sociologie (historique) confirme l’existence d’un progrès unitaire de l’esprit, « ‘fondamentalement, notre thèse est que le principe du développement de l’esprit est un’ [...]116. » Cependant, ce progrès vers l’unité peut se dérouler sans que la raison de l’individu ne le perçoive : «  [...] ‘en particulier, son incarnation réelle dans les opérations mentales est distincte de son acceptation consciente’ 117. » Le développement social est entravé par les conflits qu’engendre cette absence de conscience.

‘Social development, which in the last analysis is the expression of mind in the relations of the individuals under the conditions of the physical environment, illustrates both the to and fro of the conflict and the underlying unity of the movement. (SD 315)’

Ainsi, l’obstacle principal au passage de la société à un mode de développement harmonique est l’ignorance partielle ou totale de sa propre unité. L’esprit de l’individu ne reconnaît pas son propre fonctionnement, il ne se conçoit pas (encore) comme partie d’un tout, n’entrevoit pas ses liens indéfectibles avec les autres. Par conséquent, il est crucial que l’individu prenne conscience du caractère organique de la réalité pour que puisse continuer le progrès social. A ce propos, l’histoire du développement intellectuel, telle que l’auteur l’expose, connaît un tournant décisif lorsque, dans un mouvement réflexif, l’esprit interroge les arcanes de son propre fonctionnement et formule les conditions de sa rationalité, (puisque, ce faisant, il contribue à créer des conditions optimales de progrès).

Comme nous l’avons écrit, ce stade constitue l’évolution orthogénique à proprement parler, puisque c’est l’esprit conscient de lui-même (self-conscious) qui fait véritablement son apparition. L’individu accède à un stade de développement où il n’est plus voué à être soumis à des déterminations intérieures ou extérieures qu’il ne comprend pas, et ne peut donc pas contrôler.

Notes
116.

 SD p. 314 : « Fundamentally, the thesis is that the principle of the development of mind is one [...]. »

117.

 Ibid. : « [...] in particular its actual embodiment in mental operations is distinct from its conscious acceptance. »