1.1. Une politique et une philosophie éthique ?

Rappelons, en préalable, que comme le libéralisme, l’idéalisme est, pour l’auteur, à la fois une éthique et une pensée politique. Mais contrairement au libéralisme, il n’y a pas de relation évidente entre l’éthique et la politique dans le cas de l’idéalisme. Ce fait permet, par exemple, à Hobhouse de distinguer entre la politique de Green, qu’il considère avec bienveillance, et celle de Bosanquet, qu’il condamne. La politique idéaliste que dénonce Hobhouse est celle qu’il lui attribue et qu’il a déduite, en grande partie, de ce qu’il juge être les applications de sa philosophie. Fidèle à sa conception manichéenne, (les forces du progrès contre les forces réactionnaires), Hobhouse voit dans la philosophie idéaliste, à l’exception de celle de Green, une influence néfaste sur le monde politique, qu’il combat avec acharnement. Comme nous l’avons déjà écrit, Hobhouse envisage toujours conjointement la philosophie et la politique, bien qu’il les distingue théoriquement : « ‘Son [Hobhouse] allégeance à Mill’ ‘ a toujours été un bon exemple du mélange des éléments philosophiques et politiques dans ses loyautés’ 184. » Cette position est parfois source d’une certaine confusion, qui, dans le cas du discours sur les influences ambiguës, rajoute à la complexité. Lorsqu’il critique l’idéalisme, l’auteur passe constamment de la philosophie à la politique, et vice-versa, si bien qu’il est difficile de discerner avec précision la nature de l’argumentation. Hobhouse s’applique, en effet, à dénoncer l’incohérence des principes métaphysiques de l’idéalisme en même temps que celle de leur philosophie proprement politique :

‘[...] the truth or falsity of such a theory is a matter of no small interest; indeed it is not a question of theory alone but of a doctrine whose historical importance is written large in the events of the nineteenth and twentieth centuries. (MTS 25)’

Un tel axe critique n’est guère surprenant de la part d’un penseur de l’harmonie, cette cohérence rationnelle du monde conçu comme un tout indivisible. Néanmoins, les contradictions dénoncées semblent, parfois, imputables à l’interprétation subjective de l’auteur plutôt qu’aux pensées visées.

Notes
184.

 Collini LS p. 236 : « His [Hobhouse’s] allegiance to Mill was always a good example of the mingling of philosophical and political elements in his loyalties. »