3. La coopération

Le système économique de Hobhouse s’organise autour du contrôle conjoint de l’État et des organismes intermédiaires dont le rôle économique participe du rôle social décrit dans le chapitre 6. A l’image de l’organisation politique, l’économie doit passer de la concurrence, qui est selon Hobhouse l’expression d’une vision individualiste de la société, à la coopération qui est à la fois plus humaniste et plus efficace, et conforme à la conception organique. Il faut ajouter que lorsqu’il emploie le terme de coopération, Hobhouse ne fait pas directement référence au mouvement coopératif (Co-operative Movement) dont l’origine remonte à l’épicerie de Toad Lane à Rochdale, voire aux sociétés coopératives (Co-operative Societies) de Robert Owen, même s’il en avait une bonne opinion. Il jugeait que les effets de ce mouvement, qu’il appelait la coopération distributive, étaient limités. De la même manière que les guildes352 présentaient l’inconvénient de n’être, finalement, qu’au service des producteurs, au détriment possible des consommateurs, les coopératives ne concernaient que les consommateurs, parce qu’elles s’étaient développées autour d’épiceries coopératives (retail trade). Or la coopération économique devait être globale et comprendre la coopération des consommateurs et des producteurs, coordonnée par les instances intermédiaires. A cet égard, Hobhouse insiste sur le fait qu’une partie de l’organisation sociale actuelle reflète déjà le principe coopératif inhérent à la société. Les jardins publics, le tramway municipal, sont autant de manifestations de celui-ci. Le socialisme municipal, qu’il soutient, n’est rien d’autre, selon lui, que la tentative d’étendre le principe coopératif à l’ensemble de la commune, que lui-même prétend étendre à tout le pays. Certes, il reconnaît qu’une ville est plus facile à organiser qu’un pays entier, mais l’on sait qu’il est partisan d’une administration décentralisée, au travers des organismes intermédiaires. En tout état de cause, le principe coopératif semble d’abord correspondre à une réconciliation sociale, nécessaire puisque le sentiment d’appartenance à la collectivité a été obscurci par la concurrence économique entre les individus. Sa première manifestation doit donc être le partage des richesses.

Notes
352.

 Voir chapitre 6, section 1.3.