4. Fidélité aux libéraux et au libéralisme

La première difficulté que rencontra Hobhouse coïncide précisément avec l’entrée en guerre, puisqu’il lui fallait déterminer une position de soutien ou d’opposition à l’action du gouvernement : il opta pour un soutien critique de la politique de celui-ci, pour des raisons complexes qui doivent à la fois à ses liens avec ses amis politiques et à sa théorie politique. Le ralliement à la décision d’entrer en guerre ne fut certainement pas facile pour l’auteur. Il fut, d’abord, aux côtés du « petit Groupe pour la Neutralité (avec Lord Courtney et Lord Bryce)381 ». Au sein même du gouvernement se trouvaient d’autres opposants à la guerre : les trois John (Burns, Morley, Simon) ainsi que Lord Beauchamp, Charles Trevelyan, et surtout Lloyd George382, ne partageaient pas l’enthousiasme populaire. Jusqu’au dernier moment, ils menacèrent de démissionner si le gouvernement se rangeait à l’opinion de Grey et acceptait d’entrer en guerre. Le Manchester Guardian était également opposé à la déclaration de guerre. Le journal de C. P. Scott indique que celui-ci fit son possible pour tenter d’influer en faveur de la non-intervention dès l’ultimatum autrichien à la Serbie. Hobhouse était évidemment tout à ses côtés sur cette question, pourtant, comme Scott, il refusa de rejoindre les pacifistes le soir du 4 août, mais sembla emboîter le pas aux dirigeants libéraux qui, à l’exception de Morley (ministre de l’Inde), de Burns (président du conseil de gouvernement local) et Trevelyan (sous-secrétaire d’État de l’éducation) préférèrent, finalement, rester au pouvoir et oeuvrer pour la victoire.

Hobhouse ne rallia pas les opposants à la guerre qui, à l’initiative de Trevelyan, se réunirent dans l’Union of Democratic Control. Ce fait peut sembler relativement surprenant pour plusieurs raisons. D’abord l’UDC regroupait de nombreux proches de Hobhouse, dont Hobson et Margaret Llewelyn-Davies. Le journal la Nation, dont Hobhouse était un collaborateur régulier, lui apporta son soutien, mais l’auteur se rangea du côté du Manchester Guardian, semblant indiquer ainsi qu’en cas de divergence, ses sympathies restaient en priorité acquises à la ligne éditoriale de ce dernier plutôt qu’à la position de Massingham, rédacteur en chef de la Nation. Ce fait semble constituer l’une des explications au ralliement de Hobhouse à ceux qui choisirent de se ranger aux côtés du gouvernement dans sa décision d’entrer en guerre.

Notes
381.

 Hobson p. 49 : « Hobhouse’s sympathies were with the little Neutrality Group (including Lord Courtney and Lord Bryce). »

382.

 Voir J. CHARMLEY, Splendid Isolation (Britain and the Balance of Power 1874-1914), p. 393. Cet ouvrage est désormais abrégé « Charmley ».