6. La pensée internationale

Conformément à sa conception organique, Hobhouse s’orienta donc vers la recherche d’un sens global du conflit, plutôt que vers l’explication conjoncturelle des événements. Or, la philosophie hobhousienne avait toujours mis en valeur la prééminence de l’éthique, et la guerre n’échappait pas à ce principe : elle était l’aboutissement logique, non pas seulement des erreurs « techniques » diplomatiques telles que les alliances, mais d’une politique internationale qui avait sans cesse bafoué les principes moraux les plus fondamentaux. Alors que les années d’avant-guerre avaient été témoins de progrès démocratiques sur le plan national, le plan international avait été marqué par le manque de morale des relations entres les nations. Le fait que l’évolution vers l’harmonie connût un tel recul ne réfutait pas la conception du progrès harmonique. Au contraire la guerre, qui, pour la première fois, était mondiale, venait corroborer le principe de l’interconnexion. On avait laissé proliférer les entorses aux principes éthiques et, par là, induit une disharmonie qui avait finit par gagner le monde entier. La première cause de la guerre était donc l’erreur de concevoir la société nationale et la société internationale comme des entités indépendantes l’une de l’autre. Pour Hobhouse, la grande guerre fut la démonstration éclatante de la nature organique du monde, et il ne cessa, dès lors, de se souvenir de cette leçon de l’histoire pour appeler à l’application des principes libéraux dans la politique internationale.