2. Les dialogues : expression du doute de Hobhouse

Cette confrontation est mise en scène au travers des rencontres et des conversations de certains personnages types qui incarnent chacun un degré distinct d’optimisme ou de pessimisme. Les personnages apparaissent comme les représentants des différents discours de l’époque sur la guerre et, en même temps, les porte-paroles des sentiments contradictoires de Hobhouse. Si l’on nous pardonne ce recours superficiel à la psychologie, il semble que l’auteur ait préféré la forme allégorique plutôt que l’article proprement journalistique ou l’essai, afin d’exorciser son inquiétude et son sentiment d’impuissance. En effet, si les dialogues participent aussi de la tradition philosophique (on pense forcément aux dialogues platoniciens), ils possèdent un tour littéraire qui semble permettre à l’auteur de s’échapper de la réalité à l’épreuve de laquelle sa pensée politique est durement soumise, ou en tout cas, ils offrent à l’auteur l’occasion d’exprimer des sentiments qui n’ont guère leur place en théorie politique, tel que son désespoir, confirmé par son propre fils :

‘He [Hobhouse] [...] suffered from what passes most of us lightly, the tragedies of public events. These he felt with such an acuteness as to make them almost personal. The Great war was a shattering blow to him. It struck directly at the whole foundation of his thought, and I am sure that it and its consequences were very largely responsible for the break-up of his health in 1924 and his early death. (cité par Hobson 91)’