A. Le recours à la médecine libérale : genèse du service départemental de la vaccination

Le médecin apparaît comme la figure obligée des initiatives sanitaires entreprises par les administrations. Les pouvoirs publics ont en effet besoin du savoir-faire de ces spécialistes du corps humain et de ce qui l'affecte. Les médecins répondent d'autant plus volontiers aux sollicitations des autorités, qu'influencés par la pensée de Cabanis et forts d'une compétence hygiéniste développée notamment au travers des topographies médicales, ils aspirent à participer au gouvernement des hommes 64 .

Si les conditions de la rencontre entre les médecins et les autorités publiques sont favorables, il reste à en organiser concrètement les bases. Avec la médecine des épidémies s'établit un premier modèle de gestion de la santé publique, fondé sur la délégation de tâches spécifiques à la médecine libérale. Ce système 65 , initié par l'Ancien Régime et réorganisé par Napoléon en 1805, repose sur la nomination, dans chaque arrondissement, d'un médecin chargé de se transporter dans les communes affectées par une épidémie. Sa mission se situe sur le double terrain de la médicalisation et de l'enquête épidémiologique ; elle consiste à la fois à prescrire les mesures propres à enrayer l'épidémie, à soigner les indigents et à rédiger un rapport à l'attention de la Faculté de médecine de Paris. Le médecin perçoit pour ces tâches des vacations, destinées à couvrir ses frais de déplacement ainsi que ses honoraires. C'est sur ce type de rapports que se sont édifiés en France la plupart des services locaux de médecine publique. Parmi eux, la vaccination occupe une place toute particulière, en raison notamment du nombre de personnes qu'elle mobilise. Surtout, elle est à l'origine, dans le département de l'Isère, de la constitution d'un réseau de médecins publics, dont les tâches se diversifient dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Notes
64.

Jacques LEONARD, Les médecins de l'Ouest..., op. cit., pp. 314-317 et La médecine entre les pouvoirs..., op. cit., pp. 28-31 ; Olivier FAURE, Histoire sociale de la médecine..., op. cit., pp. 50-52 et 113-114 ; Pierre GUILLAUME, Le rôle social du médecin depuis deux siècles (1800-1945), Paris, Association pour l'étude de l'histoire de la sécurité sociale, 1996, pp. 19-20.

65.

Pierre GUILLAUME, Le rôle social du médecin..., op. cit., p. 30 ; Jacques LEONARD, Les médecins de l'Ouest..., op. cit., pp. 447-448.