Avec la loi du 10 août 1871, les conseils généraux acquièrent davantage d'autonomie dans la gestion des affaires départementales. L'autorité de leurs délibérations se trouve accrue, leurs attributions sont étendues tandis qu'un contrôle de la mise en oeuvre de leurs décisions est instauré 218 . Il est exercé par un nouvel organe : la commission départementale, élue chaque année par le conseil général. La législation républicaine permet ainsi aux assemblées départementales de mener, dans certains domaines, de réelles politiques et la meilleure illustration est l'oeuvre réalisée en matière de voirie vicinale 219 . Il en va quelque peu autrement de la gestion des affaires sanitaires, dans lesquelles le préfet conserve un rôle prépondérant. Cependant, compte-tenu de la décentralisation instaurée et des rapports particuliers tissés entre le préfet et les conseillers généraux 220 , c'est davantage autour de ce couple qu'il faut examiner les réformes sanitaires entreprises dans les départements.
A lire d'ailleurs les différents écrits nationaux, celles-ci apparaissent fort rares. Seuls deux départements sont cités avec insistance : les Vosges, pour avoir regroupé l'ensemble des services sanitaires départementaux sous l'égide du conseil central d'hygiène, et le Nord, pour avoir institué une inspection départementale de la salubrité publique 221 . Si ces initiatives sont autant soulignées, c'est parce qu'elles viennent soutenir un projet hygiéniste de structuration des services d'hygiène autour de fonctionnaires spéciaux. Cependant, d'autres actions, certes plus dispersées et organisées de manière plus traditionnelle, témoignent également de l'investissement sanitaire des autorités départementales dans les années 1880-1890. Ainsi, le département de l'Isère étoffe sensiblement son dispositif de lutte contre les épidémies 222 . A cela, il faut ajouter le renouvellement, discret mais complet, des membres des conseils d'hygiène.
François BURDEAU, Histoire de l'administration française..., op. cit., pp. 199-200.
Sur ce point, Jean-Claude THOENIG, L'administration des routes et le pouvoir départemental. Vie et mort de la vicinalité, Paris, Cujas, 1980, 117 p.
François BURDEAU, Histoire de l'administration française..., op. cit., pp. 233-240.
Jean-Baptiste LANGLET, op. cit., p. 2187. Presque tous les projets et les propositions de loi relatifs à la réorganisation des institutions sanitaires ainsi que les rapports des commissions parlementaires les examinant font référence à ces initiatives.
On trouvera en annexe n°8 un schéma représentant l'organisation sanitaire du département de l'Isère en 1902, qui répertorie les initiatives entreprises jusqu'à cette date.