" En France, nos institutions de médecine publique ont été parfaitement conçues, au point de vue consultatif ; l'exécution seule a fait défaut, parce que des fonctionnaires compétents et autorisés, réunissant entre leurs mains la direction d'institutions qui se disséminent de plus en plus, ont jusqu'à présent manqué " 843 . C'est en ces termes qu'André-Justin Martin dressait, en 1880, le bilan de l'organisation sanitaire française et posait les bases de son projet de réforme : la constitution d'une véritable " administration sanitaire ". Etablie tant au niveau central que local, celle-ci devait se composer d'un "élément délibérant ", les conseils ou commissions sanitaires, et d'un " élément exécutant", représenté par des fonctionnaires spéciaux 844 . Réalisé dès 1889 pour le niveau central, avec la création d'une Direction de l'assistance et de l'hygiène publiques au ministère de l'Intérieur à laquelle était rattaché le CCHPF 845 , le programme restait à concrétiser dans les départements. Les différents projets et propositions de loi déposés au Parlement poursuivaient justement ce but en instituant, à côté des conseils et des commissions sanitaires, un corps d'inspecteurs nommés et rémunérés par l'Etat. Votée par la Chambre des députés, cette disposition ne trouva toutefois pas grâce au yeux du Sénat, qui fit de l'inspection un service départemental et facultatif. Dans le texte de loi, la " bureaucratisation " de la santé publique ne devait finalement s'incarner qu'au niveau municipal, avec la création de bureaux d'hygiène.
André-Justin MARTIN, " Essai d'organisation de la médecine publique en France ", Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 1880, Tome 4, p. 165.
André-Justin MARTIN, " Organisation de la médecine publique en France. Création d'une direction...", op. cit.,p. 247.
Lion MURARD, Patrick ZYLBERMAN, L'hygiène dans la République..., op. cit., p. 173.