II. LES CONDITIONS D'UNE REPRISE EN MAIN DE L'HYGIENE PAR LE POUVOIR CENTRAL (1905-1907)

Quitter le département de l'Isère pour Paris s'avère nécessaire si l'on veut comprendre la seconde phase d'application de la loi de 1902. Portant sur l'organisation des bureaux d'hygiène et des services de désinfection, celle-ci se caractérise par une intervention du pouvoir central accrue et plus contraignante vis-à-vis des autorités locales. Cette reprise en main de l'hygiène par le pouvoir central avait été préalablement préparée. L'organisation des bureaux d'hygiène et des services de désinfection constitue en effet un enjeu plus important que les assemblées sanitaires ou la vaccination. Les premiers, surtout, représentent, après l'échec législatif de l'inspection départementale, la seule tentative d'administration sanitaire locale, limitée il est vrai à une minorité de communes. Mais l'institution est de nature municipale, or les maires n'ont jamais été perçus par les initiateurs de la loi de 1902 comme les garants d'une politique sanitaire efficace ; car avant d'être l'agent de l'Etat, le maire est l'homme des intérêts locaux, auxquels il est plus ou moins soumis, surtout depuis la réforme de 1884. Quant à la désinfection, outre que son organisation incombe aux municipalités dans les villes de plus de 20 000 habitants, elle est la manifestation visible du pastorisme triomphant. Aussi, le pouvoir central va-t-il chercher à encadrer au maximum la mise en place de ces services par des directives plus ou moins contraignantes pour les autorités locales. Le contrôle de leur application, et plus largement de la loi de 1902, passe également par une réforme des bureaux et des services d'hygiène du ministère de l'Intérieur.