I. DES RESSOURCES FINANCIERES PLUS IMPORTANTES

Des trois critères retenus pour mesurer l'évolution des services d'hygiène et la place qu'ils occupent au sein des administrations locales, la question financière est celle qui s'impose avec le plus d'acuité. Son traitement fragmenté au cours des chapitres précédents, notamment lors de la création ou de la réorganisation des institutions sanitaires, a fait ressortir son omniprésence. C'est elle qui sous-tend en effet les débats locaux et nationaux ainsi que les relations entre le centre et la périphérie dans l'organisation de la santé publique. Qu'il s'agisse d'établir des services de vaccination et de désinfection, un laboratoire d'analyse, des bureaux municipaux d'hygiène ou leur équivalent départemental, de la propre initiative des collectivités locales ou en application de la loi du 15 février 1902, la crainte de dépenses publiques trop lourdes est systématiquement exprimée et des solutions plus économiques alors avancées. Les sénateurs avaient adopté le même type de comportement lors de la discussion sur la création d'un service d'inspection sanitaire.

Certes, il serait réducteur d'assimiler les débats sur l'organisation de l'hygiène publique à une simple question financière. L'argument est facile et si le souci budgétaire est certainement présent, il peut tout aussi bien servir de prétexte. Il est en tout cas indissociable des conceptions gestionnaires de la santé publique, et plus largement des réflexions sur l'organisation politique et administrative française, des différents acteurs tant locaux que nationaux. Ces précautions ne doivent pourtant pas oblitérer l'importance de la question financière car elle conditionne en grande partie le fonctionnement des services d'hygiène. A travers les budgets ordinaires du départemental de l'Isère et des villes de Grenoble et de Vienne 1453 , il s'agit d'étudier les dépenses que ces collectivités consacrent à la protection de la santé publique, afin de mesurer les impacts de la loi du 15 février 1902.

Notes
1453.

ADI, 3 N 19/7 à 3 N 19/17 : Budgets départementaux des recettes et des dépenses pour les exercices de 1870 à 1914. AMG, Budgets de la ville de Grenoble pour les exercices de 1870 à 1914. ACV, 2 L 2 et 2 L 3 : Budgets ou états des recettes et des dépenses de la ville de Vienne pour les exercices de 1870 à 1914 (lacunes : 1906 et 1908). Les budgets de la commune d'Allevard n'ont pas été conservés, ni aux archives départementales, ni à la mairie.

Nous nous sommes essentiellement intéressés aux budgets primitifs ordinaires. Les dépenses extraordinaires d'hygiène ne concernent en effet que la ville de Grenoble et ne comprennent que la construction et l'aménagement de bâtiments pour la désinfection et le laboratoire municipal.

Tous nos graphiques et nos calculs ont été établis à partir de ces sources.