Le personnel sanitaire du département de l'Isère se caractérise avant tout par sa diversité. Les membres des conseils d'hygiène, les praticiens de la médecine publique, les désinfecteurs et les employés de l'inspection départementale ou des bureaux d'hygiène présentent en effet une grande variété de statuts, de fonctions et de qualifications. Certains n'entretiennent avec l'administration qu'un lien fonctionnel tandis que pour d'autres, il s'agit d'un véritable rapport hiérarchique. Les uns exercent une profession à part entière, les autres la considèrent comme une fonction accessoire, plus ou moins fortement indemnisée, ou prêtent un concours à titre gracieux. Certains sont nommés à la faveur, d'autres, après avoir réussi un concours. Les exemples pourraient être encore multipliés tant les situations sont différentes et spécifiques à chaque catégorie de personnel.
Les autorités publiques ont pourtant tenté de mettre un peu d'ordre dans cet ensemble hétéroclite. Cette action s'est traduite, pour le personnel rémunéré que nous étudions ici, par la définition et l'institution de règles de recrutement et de gestion, qui ouvrent la voie à une professionnalisation de l'hygiène. La ville de Grenoble est sans doute celle qui est allée le plus loin dans ce processus de " mutation d'une pratique en activité professionnelle " 1551 . Mais le département a cherché lui aussi à codifier certaines activités sanitaires et, en particulier, celle de médecin de l'assistance et de l'hygiène publiques.
Jean-Paul JOURDAN, " " Professionnalisation " et fonction publique : le cas de l'administration préfectorale au XIXe siècle ", in Pierre GUILLAUME (dir.), La professionnalisation des classes moyennes, Talence, Editions de la MSHA, 1996, p. 71. Nous nous en tenons pour le moment à cette définition.