b. 1904-1914 : Une surveillance accrue de l'hygiène communale

Graphique n° 12 : Répartition des affaires instruites par le conseil d'hygiène départemental et les commissions sanitaires de l'Isère (1904-1906, 1909-1911, 1914)
Graphique n° 12 : Répartition des affaires instruites par le conseil d'hygiène départemental et les commissions sanitaires de l'Isère (1904-1906, 1909-1911, 1914)

Sources : CDH-CS, 1904-1906, 1909-1911, 1914

Le graphique fait apparaître un bouleversement complet de la répartition des affaires instruites par les conseils d'hygiène. Les questions d'hygiène et de salubrité générales dominent nettement l'activité des nouvelles assemblées sanitaires, dans des proportions variables suivant la circonscription. A La Mure, Vizille, Beaurepaire, Saint-Marcellin et Rives, elles représentent 65 % ou plus des affaires instruites. La proportion tourne autour de la moitié pour les commissions de Grenoble, Vienne et La Tour-du-Pin et tombe à 30,5 % à Bourgoin. L'hygiène industrielle arrive en seconde position à Grenoble, Vienne et Bourgoin, mais elle ne représente plus que le quart de leurs activités et son poids tourne autour de 10 % dans les autres circonscriptions sanitaires. Le reste des dossiers se répartit essentiellement entre les projets d'adduction d'eau potable, les constructions scolaires et les dépôts de vente d'eaux minérales. Ces dossiers occupent de manière variable les commissions sanitaires et représentent chacun entre 4 % et 20 % des affaires étudiées.

Nous avons volontairement laissé de côté le cas du conseil d'hygiène départemental, qui occupe une place à part dans la nouvelle organisation sanitaire départementale. Celui-ci apparaît en effet comme une instance de second degré dans l'instruction des affaires, dont la quasi-totalité a déjà été étudiée par les commissions sanitaires 1819 . Ainsi, les dossiers d'alimentation des communes en eau potable, d'aménagement des cimetières et surtout l'examen des règlements sanitaires municipaux et les enquêtes de mortalité prévues par l'article 9 de la loi de 1902, soit 88,8 % des affaires examinées par le conseil départemental, lui sont transmis de manière quasi-automatique par les commissions sanitaires. Le conseil intervient également à la demande des commissions sanitaires lorsqu'il s'agit de cas litigieux 1820 ou d'importants travaux d'assainissement projetés 1821 , mais les affaires qu'il instruit seul semblent rares.

Les travaux des commissions sanitaires de circonscription sont donc plus représentatifs de l'activité sanitaire du département de l'Isère. Ce sont eux que nous avons pris en compte pour étudier, plus en détail, les affaires d'hygiène et de salubrité.

Tableau n° 32 : Répartition des affaires d'hygiène et de salubrité étudiées par les neuf commissions sanitaires de l'Isère (1904-1906, 1909-1911, 1914)
  Nbre %
Arrêtés sanitaires municipaux 551 56,4
Enquêtes de mortalité 226 23,1
Prophylaxie des maladies contagieuses 80 8,2
Plaintes diverses 78 8,0
Grands travaux d'assainissement 26 2,7
Voeux divers 16 1,6
total 977 100

Sources : CDH-CS, 1904-1906, 1909-1911, 1914.

Deux dispositions de la loi du 15 février 1902 permettent d'expliquer l'importance des affaires d'hygiène et de salubrité dans les activités des commissions sanitaires. Il s'agit des règlements sanitaires municipaux, obligatoires dans toutes les communes, et des enquêtes de mortalité prescrites par l'article 9. Leur examen et leur conduite par les commissions sanitaires représentent en effet 79,1 % des affaires instruites. Un tel constat peut laisser perplexe quant à l'augmentation du nombre de travaux des assemblées et à leur réelle diversification. Il est, par exemple, facile de conclure à une hausse des affaires instruites par les nouvelles commissions alors que le département de l'Isère compte plus de 500 communes. Le problème doit en fait être envisagé différemment : la réglementation sanitaire, les enquêtes de mortalité, ainsi que l'examen des plaintes et des projets d'assainissement 1822 , permettent aux instances départementales d'avoir une meilleure connaissance de l'hygiène communale.

Notes
1819.

Le phénomène est difficilement quantifiable en raison des années manquantes dans les sources.

1820.

En 1911, par exemple, le propriétaire d'une fosse à purin dans la commune du Versoud fait appel de la décision la commission sanitaire de Grenoble devant le conseil d'hygiène départemental. CDH-CS : Conseil d'hygiène départemental, séance du 28 juin 1911.

1821.

Par exemple, le projet de dessèchement des marais de La Mure. CDH-CS : Conseil d'hygiène départemental, séance du 14 juin 1905.

1822.

Nous ne traiterons pas ici des 80 affaires liées à la prophylaxie des maladies contagieuses. Celles-ci sont en majorité constituées par l'étude des rapports des délégués des commission sanitaires sur le service de la désinfection.