Le bureau d'hygiène de Grenoble, seule institution sanitaire municipale de l'Isère à pouvoir être étudiée sur le temps long, connaît lui aussi une évolution de ses préoccupations entre 1890 et 1914. D'abord essentiellement concentrées autour de la prévention des maladies contagieuses, celles-ci englobent peu à peu tout ce qui concerne l'hygiène communale et notamment l'assainissement urbain. Cette évolution n'est pas sans poser quelques problèmes dans la répartition des compétences sanitaires avec d'autres services municipaux. Dans le domaine de la lutte contre les maladies contagieuses, le bureau d'hygiène ne souffrait d'aucune espèce de concurrence. Ainsi, il avait, dès sa création, naturellement pris la place des acteurs périphériques, institutionnels ou non, que mobilisait la municipalité en cas d'invasion épidémique 1887 . Il en va autrement de l'assainissement urbain, dans lequel interviennent d'autres services ou institutions, tels que la police, l'octroi, la voirie ou la commission des logements insalubres. Dans ces conditions, le contrôle l'ensemble de l'hygiène communale, auquel le bureau d'hygiène aspire, va de pair avec l'affirmation du service et de sa spécificité au sein de l'administration municipale.
Pour juguler l'épidémie de variole qui règne à Grenoble au cours de l'hiver 1870, le comité exécutif municipal avait formé une commission spéciale composée de membres du corps médical et du conseil d'hygiène départemental. Lors du retour annoncé du choléra en 1884, la municipalité avait consulté la commission des logements insalubres et la Société de médecine et de pharmacie de l'Isère sur les mesures à prendre. AMG, 5 I 9 : Rapport sur les délibérations de la commission réunie pour rechercher les moyens de combattre l'épidémie de variole, 18 novembre 1870 ; Commission des logements insalubres, séance du 25 juin 1884 ; Société de médecine et de pharmacie de l'Isère, Conseils d'hygiène à suivre pendant une épidémie de choléra, Grenoble, Imp. Breynat, 1884, 8 p.