2.4 Bilan

Le locuteur effectue le choix de la diathèse en fonction de la perspective de son discours (sélection d’un point de vue particulier sur la réalité à décrire) et en fonction de ses intentions de communication. Ses intentions communicatives sont au nombre de deux :

  1. Le locuteur s’efforce - par respect du principe de coopération de Grice - de faciliter le travail de décodage de l’allocuté. La diathèse passive lui permet de renforcer la cohérence sémantique de son message en maintenant le même thème en fonction de sujet dans une série d’au moins deux énoncés consécutifs. Elle facilite les enchaînements phrastiques et textuels et sert notamment à réaliser la progression à thème constant. La diathèse passive élimine tout élément parasite qui risquerait d’entraver le bon déroulement de la communication, elle passe sous silence l’agent non-informatif ou non pertinent et désambiguïse un énoncé à la diathèse active. Elle permet de réaliser une économie de moyens linguistiques par la mise en facteur commun du sujet grammatical et même de l’auxiliaire « sein » dans le cas de la coordination interpropositionnelle. La diathèse passive met en relief les unités informatives importantes en focalisant l’énoncé sur l’agent rhématique ou sur le procès (passif impersonnel). Elle apporte des précisions supplémentaires sur la nature de l’agent en l’introduisant par des prépositions qui, de par leur sémantisme, révèlent le degré de présence de certains paramètres (perlativité, processualité, etc.).

  2. Le locuteur commet un manquement au principe de coopération de Grice quand il joue avec l’allocuté en retardant l’apparition d’unités informatives importantes (fonction d’éveil de la curiosité). Il se joue de lui, en fait le dupe de manigances peu loyales quand il passe sous silence une donnée d’un grand intérêt (acte de manipulation). Il joue pour le plaisir de jouer ou il joue pour gagner, pour arracher un succès à un adversaire.

Les fonctions textuelles ne sont pas exclusives, elles sont cumulatives. L’omission de l’agent peut par exemple résulter de la focalisation de l’énoncé sur le patient ou le procès et ne constituer que la conséquence de la mise en valeur dans la phrase d’un autre élément que l’agent. La mise en profil du patient peut par exemple servir la réalisation de la progression à thème constant.