DEUXIEME PARTIE : LE « PRAGMAPARADIGME » DES DIATHESES ET LA MODALITE IMPLICITE

Après nous être intéressé à la diathèse passive morphologique (« werden + participe II »), nous nous proposons d’étudier les constructions formellement actives présentant le procès en perspective passive. Ces constructions sont dites « apparentées au passif », « complémentaires du passif » ou « concurrentes du passif » selon que le linguiste met l’accent sur les points communs ou sur les différences, qu’il envisage positivement ou négativement les relations qu’elles entretiennent avec la diathèse passive morphologique373. Elles font partie de ce que D. Baudot appelle le « pragmaparadigme »374 des diathèses et font l’objet d’un choix plus ou moins conscient de la part de l’énonciateur. Notre but est de fournir les raisons de ce choix, c’est-à-dire d’expliquer pourquoi l’énonciateur, une fois qu’il a opté pour la perspective passive, décide d’exprimer cette perspective non pas au moyen d’une forme verbale passive mais d’une forme verbale active. La raison principale de ce choix réside dans le fait que certaines diathèses complémentaires du passif revêtent une valeur modale implicite, qui peut être fixe, inhérente à la structure (« sich lassen + G INF », etc.) ou variable, déductible du co-texte ou du contexte (« sein + G INF avec zu », etc.). Nous allons nous employer dans cette partie à établir précisément quelle(s) modalité(s) les diathèses complémentaires « sein + G INF avec zu », « gehören + participe II », « sich lassen + G INF sans zu » et la construction réfléchie anagentive à sujet inanimé peuvent exprimer.

Notes
373.

La langue allemande distingue entre « passiv » (la diathèse passive morphologique) et « passivisch » (les constructions présentant le procès en perspective passive sans faire appel à la forme verbale passive).

374.

BAUDOT 1989, p.187