2 « Sein » ou « werden » ? Là est la question ...

Nous nous proposons de présenter brièvement en introduction l’évolution diachronique des formes « werden / sein + participe II ». La forme en « werden » est attestée dès les premiers textes. Elle dénote en vieux haut allemand l’entrée dans un nouvel état et revêt une valeur ingressive et ponctuelle. Elle s’oppose à la forme en « sein » qui, en raison de son aspect duratif-non transformatif, est appréhendée dans son statisme et présente l’état comme subjectivement décomposé en déroulement (« den Zustand als Verlauf »449) :

‘[...] uuerdhan verhält sich zu uuesan wie ein ingressives, punktuelles Verb zu einem durativen, kursiven Verb. Beide beziehen sich auf das Sein, aber über eine andere Aktionsart. Wollte man sich unbedingt eines aspektuellen Modells bedienen, würde man uuerdhan als das Perfektiv zu uuesan auffassen. Uuerdhan bezeichnet den Eintritt in einen Zustand, wobei dieser Zustand auch das Sein sein kann, während uuesan dem Verweilen in diesem Zustand entspricht. Dies hat mit der angeblichen modernen Opposition zwischen Vorgang und Zustand gar nichts zu tun.450

La forme en « werden » s’est grammaticalisée au fil des siècles en développant son propre système de temps (cf. notamment l’apparition du participe II « worden »). Elle s’est spécialisée dans l’expression du passif processuel au fur et à mesure qu’elle se libérait de sa valeur aspectuelle d’ingressivité et a peu à peu empiété sur le terrain de la forme « sein + participe II » en s’arrogeant le droit de dénoter des procès duratifs-non transformatifs. La forme en « sein », dépossédée de l’exclusivité de cette fonction, s’est progressivement cantonnée dans la présentation du résultat d’une action antérieure et s’est rapprochée de la construction attributive :

‘In dem Maße, wie die werden-Periphrase kursiv wurde, konnte die alte Opposition zw. werden und sein + P.P. nicht mehr aufrecht erhalten werden, die ja auf dem Gegensatz kursiv vs. ingressiv beruhte. So entwich die sein-Umschreibung allmählich in die Rolle einer prädikativ aufgefaßten Zustandsbeschreibung, während die werden-Periphrase immer stärker dazu benutzt wurde, einen Vorgang wiederzugeben.451

Cette présentation succincte de l’évolution diachronique des formes « werden / sein + participe II » permet de mettre en lumière le rôle de l’aspect interne du lexème verbal dans le choix de la construction. Elle constitue une bonne entrée en matière pour comprendre la classification établie par les auteurs du Centre de Recherche en Linguistique Germanique de Nice (C.R.L.G.).

Notes
449.

EROMS 1990, p.87

450.

VALENTIN 1987, pp.9-10

451.

VALENTIN 1987, p.14