1. Les modèles de référence

Il est paradoxal qu’une activité aussi ancienne et particulière que celle de la bibliothèque n’ait pas incité les économistes à lui établir un modèle économique propre. De par son ancrage dans les activités à but non lucratif, elle se prête bien aux outils d’analyse de l’économie publique. Du côté de son domaine d’activité qui combine les activités informationnelles, culturelles et éducatives, elle peut avoir sa place dans les problématiques soulevées par les économies relatives à ces filières. Pourtant, la bibliothèque n’a occupé qu’une place marginale dans l’intérêt des économistes.

Quand il s’agit d’économie de l’information, ceux-ci s’intéressent le plus souvent soit à l’information en tant que bien économique régi par des règles propres de production et de circulation, soit au poids de l’information dans l’économie en général. De ce fait, la bibliothèque se trouve marginalisée au profit d’analyses centrées sur l’information dans l’entreprise, l’information scientifique et technique, les industries informationnelles, etc. Anne Mayere (1993) a répertorié dans la littérature les trois modèles suivants d’analyse économique de l’information aussi bien en tant que bien qu’en tant qu’activité :

  • Le modèle de l’industrie manufacturière
    L’activité informationnelle est représentée suivant un schéma linéaire composé de trois grandes étapes et qui “ s’étend de l’extraction des matières premières que sont les informations "brutes", vers leur transformation en produits de documentation ou d’études, pour s’achever dans des activités d’un troisième niveau - et l’on sent sous-jacente la référence au “ tertiaire ” - qui portent sur la distribution et le conseil. ” 15
    1 Matières premières 2 Transformation en produits 3 Commerce/Services
  • Le modèle source diffusion
    Très inspiré par la théorie de la communication de Shannon qui raisonne sur un dispositif émetteur/canal de transmission/récepteur, ce modèle a deux pôles principaux : d’un côté, les sources, de l’autre la diffusion. A l’image du modèle industriel, sa principale caractéristique est la linéarité. De ce fait il reste statique même lorsqu’il est abordé dans une démarche systémique intégrant les rétroactions.
  • Le modèle des médias
    Ce troisième modèle tire ses références de l’analyse des filières de la presse et de l’audiovisuel diffusé. Ce modèle est fortement centré sur les activités grand public, dominées par une logique de marchandise. L’activité est composée de cinq étapes qui sont la création, la rédaction, la production, l’édition-programmation et la distribution-diffusion-réception. Ce qui donne, une fois transposé sur l’activité informationnelle, Information créée / Information originale / Information reproductible / Information reproduite / et information délivrée et consommée.

Notes
15.

- MAYERE, Anne. - " Logiques d'information, logiques de service ", in : Réseaux, n° 58, 1993, pp. 28-45