2.2.1. L’architecture du réseau

Jean-Louis le Moigne (1986) distingue deux catégories morphologiques, selon qu’il s’agisse du modèle cybernétique ou du modèle systémique.

Dans le modèle cybernétique, l’organisation s’articule en deux sous-systèmes:

  • système piloté (controled system)
  • système de pilotage (control system).

La circulation fonctionne selon le principe de feed-back (rétroaction). Le système de pilotage reçoit les informations sur le fonctionnement du système piloté, les analyse et se régule pour continuer à fonctionner, et ainsi de suite suivant un circuit bouclé qui assure l’autonomie du système. La force de ce modèle réside selon Jean-Louis le Moigne dans son extrême simplicité conceptuelle.

Mais c’est de cette force elle-même que découle la faiblesse du modèle cybernétique qui, avec la complexification des modes et systèmes de gestion des organisations, a révélé ses limites à gérer les situations naissantes. Un nouveau modèle, dit systémique, apparaît alors. Celui-ci considère que le réseau n’est pas donné, mais qu’ “ il se construit en coévoluant avec son environnement. ” 71 Ainsi, le fonctionnement du réseau n’est pas prédéfini en référence à une norme rationnelle préexistante, imposée au système de pilotage. Le réseau n’est de ce fait, qu’un état transitoire dans une situation organisationnelle en perpétuelle mutation. En faisant circuler de l’information (en informant), le réseau s’informe, et par là même, il se transforme.

On remarque que la plupart des typologies établies pour les morphologies de réseaux sont fortement marquées par la référence informatique. La typologie des réseaux locaux en trois formes d’organisation proposée par Jean-Louis le Moigne (1989) nous semble résumer au mieux les différentes morphologies que peut avoir un réseau :

Figure 6 : Les trois principales architectures possibles d'un réseau
Figure 6 : Les trois principales architectures possibles d'un réseau [D'après Jean-Louis Le Moigne, 1989]
  • L’organisation anarchique : Dans ce cas, chaque membre du réseau est en contact direct avec la totalité des autres membres. Cette forme assure un maximum d’interactivité entre les membres, mais implique inévitablement une taille réduite du réseau, puisque chaque nouveau membre démultiplie le nombre des relations possibles, au risque d’altérer la fluidité de la circulation.
  • L’organisation hiérarchique : Selon cette organisation (dite aussi en étoile), toutes les relations passent par un noyau central qui assure la fonction de tête de réseau. Cette architecture est souvent critiquée pour la lenteur de circulation, la passivité et la dépendance des membres qui la caractérisent. Néanmoins, la centralisation se révèle parfois nécessaire, comme c’est le cas pour certaines tâches répétitives dont on a tout intérêt à les confier à un organe central qui se charge de les exécuter une seule fois au profit de tous les membres.
  • L’organisation centrée mémoire : Dans ce modèle, la mémoire représente une sorte de réservoir collectif qui reçoit en permanence les flux en provenance de tous les membres du réseau, les traite et les met à la disposition de tout membre qui viendrait les chercher à tout moment. En termes informatiques, ce modèle peut se concrétiser par une application client/serveur. Cette architecture requiert d’importants moyens informatiques pour la création et la maintenance du serveur (la mémoire) chargé d’héberger la base de données et de gérer l’accès.

Notes
71.

- LE MOIGNE, Jean-Louis, Op. Cit.