Conclusion

D’une notion métaphorique, tentaculaire et très ancienne, mobilisée dans des domaines aussi divers et éloignés que la métaphysique, l’anatomie humaine, l’urbanisme, l’électricité ou les chemins de fer, pour illustrer les dimensions de tissage, d’interconnexion, de transmission complexe, d’arborescence ou de fédération, le réseau a connu une évolution spectaculaire à travers les époques, pour atteindre sa maturité conceptuelle actuelle avec l’informatique et devenir quasi-incontournable dans le traitement des problématiques relatives à la gestion multidimensionnelle et complexe. De ce fait, toute tentative de modélisation de ce concept risque, de nos jours, de pêcher par réductionnisme et simplisme. Le modèle de la machine relationnelle que nous avons retenu présente toutefois l’avantage de l’exhaustivité en tant que cadre global d’analyse. Les trois composantes de ce modèle sont suffisamment élastiques pour pouvoir intégrer des sous-composantes innombrables et permettre ainsi de moduler la profondeur de l’analyse en fonction des nécessités de la réflexion.

Notre objectif derrière l’adoption du modèle de la machine relationnelle à trois composantes distinctes, est essentiellement un objectif opératoire. Car dans la réalité, ces trois composantes sont indissociables et fonctionnent en interaction continue. Il est parfois très difficile de classer certains éléments du réseau dans l’une ou l’autre de ces trois catégories de composantes. Les trois exemples suivants illustrent bien cette idée.

Les caractéristiques structurelles d’un réseau informatique (réciprocité, multiplicité, distances, etc.) sont des éléments infrastructurels, mais ils acquièrent aussi une dimension infostructurelle, dès lors qu’ils font l’objet de choix délibérés pris suite à des accords formels et des décisions officielles.

Un deuxième exemple touche à l’interférence entre infostructure et infoculture lorsque la diversité (la nature institutionnelle des membres du réseau), a priori élément infostructurel ne peut être analysée (ses origines et ses conséquences) sans faire appel à des éléments infoculturels. Car tel type d’établissement ne choisit pas de coopérer avec tel autre type d’établissement sans avoir des a priori sur son partenaire et des attentes de la coopération qu’il engage avec lui.

Le troisième et dernier exemple concerne la fonction contact, attribuée dans ce modèle à l’infrastructure, qui peut être entravée par des mesures réglementaires (relevant de l’infostructure) ou favorisée par des affinités personnelles entre les acteurs (qui sont du domaine de l’infoculture). Car l’infrastructure informatique la plus moderne ne peut mettre en contact des partenaires dans un réseau lorsque ceux-ci se méfient les uns des autres et refusent d’échanger entre-eux.