2.3. Les Outputs en réseau

Il est maintenant admis que le prêt entre bibliothèques (PEB) est un bon remède aux déficiences des fonds. L’époque est révolue, où le fait qu’une bibliothèque demande un document à une autre bibliothèque était synonyme d’échec. Selon François Lapèlerie (1996),

‘“ le prêt entre bibliothèques était et n’est encore théoriquement qu’un service destiné à compléter les collections d’une bibliothèque ou à en combler les lacunes. ” 84

Mais pour fonctionner, le PEB nécessite la mise en place d’un outil de localisation du document recherché. En France, le réseau PEB 85 s’appuyait sur une panoplie d’outils de ce genre : le Pancatalogue 86  (catalogue collectif des ouvrages des bibliothèques universitaires françaises), Le CCN-PS (catalogue collectif national des publications en série) 87 , le catalogue collectif des thèses qui ont fusionné dans le Système Universitaire de documentation plus connu sous le nom du SU. 88

François Lapèlerie (1996)s’alarme du fait que depuis quelques années le prêt entre bibliothèques soit converti (perverti) en vente de photocopies, à tel point qu’il devient légitime de s’interroger sur le bien fondé du PEB. Car dans certains cas, il serait plus rationnel d’acheter le document une fois pour toutes et pour tous les usagers de la bibliothèque que d’en acheter une photocopie à chaque fois qu’un utilisateur en fait la demande.

Avec le développement des technologies de numérisation, la fourniture électronique des documents ne cesse de gagner du terrain au détriment du prêt entre bibliothèques rendant caducs les problèmes économiques des frais de port et du temps d’attente qu’il soulève, mais posant au même moment de nouveaux problèmes plus juridiques qu’économiques et relatifs aux droits d’auteurs, d’usage (droits de lecteurs) et d’éditeurs. Si la tradition américaine en matière de réglementation des droits d’auteurs, bien ancrée dans la logique industrielle des brevets comme le constatent Alain Marter et Jean-Michel Salaün (1998), se base sur les principes du copyright et du fair use 89 , la situation en France est bien plus compliquée par l’importance des droits d’auteurs (droits moraux inaliénables). Les quelques bibliothèques, qui se sont lancées dans des expériences pilotes de fourniture électronique de documents à la base d’accords conclus avec les éditeurs, ont pu mesurer les difficultés juridiques, économiques et parfois même psychologiques qui restent à surmonter.

Notes
84.

- LAPELERIE, François. - “ Le prêt entre bibliothèques universitaires scientifiques existe-t-il ? ”, in : BBF, t. 41, n° 4, 1996, pp. 56-73 

85.

- Cf. http://www.abes.fr/peb.htm [consulté le 04/01/2001]

86.

- Cf. http://www.abes.fr/pkacc.htm [consulté le 16/07/1998]

87.

- Cf. http://www.abes.fr/brev1.htm [consulté le 04/01/2001]

88.

- Cf. http://www.abes.fr/su01.htm [consulté le 04/01/2001]

89.

- Cf. MARTER, Alain & SALAÜN, Jean-Michel. - “ Propriété intellectuelle et bibliothèques françaises : leçons américaines et opportunités européennes ”, in : BBF, T. 43, n° 3, 1998, pp. 12-16