2. Les indicateurs de l’évaluation

2.1. Le choix et la construction des indicateurs

La première étape de l’évaluation est la formulation des indicateurs, mais ce n’est qu’une étape dans un processus méthodologique rigoureux. Un indicateur se présente sous la forme d’un chiffre qui mesure un aspect de l’activité.

La définition de bons indicateurs est liée à la participation de l’ensemble des agents dans cette opération. Car ce sont eux qui connaissent la réalité plus que n’importe quel expert. Leur contact permanent avec la réalité leur permet d’avoir, chacun à son niveau, une vision pragmatique et pertinente des choses. Combien des fois le diagnostic d’un simple agent d’exécution s’est avéré plus juste que l’avis d’un expert !L’implication des acteurs de base dans le choix des indicateurs est une condition du développement “ d’une "culture" de l’évaluation, c’est-à-dire du développement de traditions, de techniques, de coutumes et d’usages d’une société ou d’une communauté donnée. ” 101 De plus, l’évaluation ne doit être conçue ni comme un confort managérial, ni comme un dernier recours pour remédier à des situations d’urgence sous forme de dispositifs ad hoc.

‘“ Il convient d’intégrer ces indicateurs dans une démarche régulière de planification et d’évaluation, d’en faire une base de dialogue entre les personnels, les autorités et les usagers, afin d’éclairer les décisions. ” 102

Il est essentiel de définir des objectifs précis à chaque indicateur : quel aspect de l’activité cherche t-on à mesurer à l’aide du chiffre choisi ? Et dans quel but le fera t-on ? Pierre Carbone insiste sur les questions que les bibliothécaires doivent se poser pour choisir les indicateurs :

‘“ Sont-ils utiles au dialogue avec les partenaires ? Concernent-ils une activité ou un secteur où l’on a constaté un dysfonctionnement ? Dispose t-on des forces suffisantes pour les mettre en pratique ? Les données sont-elles demandées par une autorité supérieure ? ” 103

Sinon, on pourra s’amuser presque indéfiniment à inventer des aspects mesurables de l’activité.

‘“ La collecte des données chiffrées constitue le rassemblement d’informations spécifiques liées à un problème. Les données sont collectées afin de résoudre un aspect précis d’un problème posé. Par exemple, les bibliothécaires veulent des informations qui leur permettraient d’améliorer un programme spécial de la bibliothèque. Ou bien on trouve un intérêt à remplir des objectifs spécifiques et l’on bâtit un plan d’évaluation afin de préparer cela. ” 104

Néanmoins, il ne suffit pas de bien définir des objectifs à un chiffre pour qu’il devienne un indicateur fiable. Deux autres conditions doivent être remplies : des caractéristiques précises et une méthode logique d’interprétation.

Notes
101.

- DEJEAN, Jacques et al. - " Culture de l'évaluation et fascination pour les indicateurs", in : Politiques et Management Public, vol. 16, n° 2, 1998, pp. 172 -174

102.

- CARBONE, Pierre, Op. Cit.

103.

- Idem.

104.

- LYNCH, Beverly P. – “ Mesures et évaluation des bibliothèques publiques ”, 64° conférence générale de l’IFLA, août 1998