3.3.1. L’approche bureaucratique : le poids des tutelles

Elle consiste en un contrôle effectué par la tutelle (administrative et/ou politique) en se référant à des outils qu’elle définit elle-même et qu’elle impose aux bibliothèques. Ces outils sont souvent focalisés sur les statistiques et cherchent à travers les recoupements qu’ils opèrent à mesurer l’efficience de la bibliothèque.

La tutelle joue en effet de deux manières différentes. D’un côté, certains professionnels centrent volontiers leurs démarches sur le critère d’évaluation de la tutelle (l’efficience) en orientant l’évaluation vers les aspects qui peuvent les aider dans les négociations avec les tutelles en matières de budget, de recrutement, d’affectation des ressources, etc. Ainsi, ils accentuent l’aspect quantitatif de l’évaluation et mettent en avant les chiffres qu’ils jugent plus parlants que d’autres. De l’autre côté, c’est la tutelle qui demande des comptes à rendre aux bibliothèques qui lui sont rattachées, pour des objectifs de contrôle et de suivi.

Dans les deux cas, les décideurs, auxquels sont destinées les données recueillies et analysées, ne veulent pas avoir beaucoup de détails. Ils demandent des données directement exploitables (statistiques, graphiques, etc.) Force est de reconnaître que c’est la tutelle qui décide directement ou indirectement des données à collecter, de leur utilisation et de la manière de les présenter. L’évaluation est un vrai enjeu de pouvoir étant donné que les décideurs et les professionnels n’ont pas les mêmes référents, ni ne sont confrontés aux mêmes impératifs. Si l’intérêt des premiers est focalisé sur le bon usage des ressources allouées, donc sur l’efficience, le souci des seconds se place du côté de l’efficacité. En se pliant à la logique des décideurs, les professionnels sacrifient la leur. Les conséquences peuvent être très dommageables pour les bibliothèques qui risquent de perdre ainsi la maîtrise du fonctionnement et du devenir de leurs établissements.