Conclusion

La pratique de l’évaluation en bibliothèques s’est généralisée en parallèle avec l’évolution des contextes économique, politique et technique de ces organisations. Néanmoins, la situation reste marquée par un paradoxe qui oppose les règles et principes d’une évaluation efficace à la tendance dominante chez les professionnels quant aux approches et finalités de l’évaluation. D’un côté, pour être efficace, l’évaluation doit cibler un ou plusieurs aspects précis de l’activité (les collections, l’ergonomie des équipements, la satisfaction des usagers, etc.) ; autrement dit, elle doit toujours se poser la question préalable : que veut-on évaluer exactement ? De l’autre côté, le souci de légitimation pousse les bibliothèques vers des approches maximalistes et globalisantes d’évaluation et dont les résultats sont peu pertinents pour pouvoir être exploités utilement dans le pilotage de la bibliothèque. [A. MAYERE & F. MUET, 1998] Ainsi, tant que l’esprit du professionnel/évaluateur reste tourné en premier vers une finalité de légitimation, l’évaluation restera toujours menacée de dérives quantitativistes et maximalistes.

La variable réseau peut-elle, sinon inverser, du moins rééquilibrer la tendance en poussant la bibliothèque, dans sa démarche d’évaluation, à s’interroger sur l’impact du réseau sur elle-même et non pas, comme cela a été le cas dans la logique de légitimation, de s’interroger sur son impact à elle sur l’environnement ? Ainsi, le point de départ ne sera plus une interrogation sur le bien fondé de la bibliothèque, mais plutôt une interrogation sur le bien fondé du réseau par rapport à une bibliothèque dont la raison d’être n’est plus en cause.