1.1.2. L’effet feed-back

Le feed-back est l’effet qui consiste à fortifier les forts et à affaiblir les faibles. Il y a deux catégories de feed-back selon qu’il est lié à la demande ou à l’offre, et à l’intérieur de chaque catégorie on distingue deux sortes de feed-back : le feed-back positif et le feed-back négatif. [SHAPIRO & VARIAN, 1999]

Le principe du feed-back positif est que le succès appelle le succès et l’échec appelle l’échec.

‘“ Lorsqu’une technologie a le vent en poupe, comme c’est le cas d’Internet actuellement, l’effet feed-back accélère la croissance […] On assiste à un cercle vertueux. […] Lorsque le public craint qu’un produit ne soit en perte de vitesse, il accélère sa chute. Autrement dit, le cercle vertueux de la croissance peut se transformer en un cercle vicieux. ” 121

Mais le feed-back positif lié à l’offre arrive à un stade où il atteint des limites au-delà desquelles il se transforme en feed-back négatif. C’est notamment lorsque le réseau, accumulant les succès, atteint une taille importante qui rend sa gestion coûteuse, lourde et complexe. C’est alors que le réseau éprouve des difficultés par comparaison aux petits réseaux ayant survécu à sa période faste. La petite taille de ces réseaux leur permet de plus grandes souplesse de gestion et agilité d’action. [SHAPIRO & VARIAN, 1999]

Le feed-back négatif correspond donc à la situation où la force engendre la faiblesse et la faiblesse engendre la force. 122

Signalons enfin que les externalités de réseau, lorsqu’elles sont importantes, deviennent pour les membres qui en bénéficient un facteur de verrouillage.

‘“ Les produits qui bénéficient d’externalités de réseau ont souvent des coûts de changement élevés. ” 123
Notes
121.

- SHAPIRO, Carl & VARIAN, Hal R., Op. Cit., p. 158

122.

- Voir à cet égard l’analyse approfondie développée par Shapiro et Varian (1999). Toutefois, il faut se garder d’une transposition systématique de ces analyses, conçues à l’origine pour les réseaux marchands dont l’enjeu principal est l’avantage concurrentiel, sur les réseaux de bibliothèques (organisations publiques à but non lucratif) dont les enjeux et les objectifs sont différents. Shapiro et Varian remarquent par exemple que “ l’élément nouveau dans l’économie de l’information est que le feed-back positif est lié à la demande. ” (p. 161) pour déduire que “ Contrairement aux économies d’échelle liées à l’offre, les économies d’échelle liées à la demande ne disparaissent pas lorsque la taille du marché est très importante : elles ne font qu’augmenter. ” (p. 161) Ce raisonnement n’est pas applicable aux réseaux de bibliothèques où l’on ne peut pas dire que l’augmentation de la demande (entendre des utilisateurs) se traduit par des économies d’échelle.

123.

- SHAPIRO, Carl & VARIAN, Hal R., Op. Cit., p. 49