Qui dit comptabilité, dit monnaie. Celle-ci sert à mesurer aussi bien les coûts que les avantages. L’avantage, en ce qu’il est une économie sur les coûts (dépenses prévues mais non engagées), est assimilable à un coût négatif. C’est pourquoi, nous nous contenterons de la présentation de la notion de coût, considérant que tout ce que nous en dirons s’applique aux avantages.
Le coût se définit comme une somme de charges. [MOULIN, 1995] Le fait que le coût soit le plus souvent exprimé en monnaie amène à le confondre avec le prix. Le prix de revient par exemple n’existe pas ; il désigne en fait un coût.
Selon Emmanuel Moulin, trois caractéristiques sont retenues par le Plan comptable général français pour définir les coûts : le champ d’application, le contenu et le moment de calcul du coût. Nous nous intéresserons aux deux premières.
Le découpage frais directs / frais indirects permet une approche statique des coûts. Par contre, l’éclatement de chacune de ces composantes en frais fixes et frais variables introduit une dimension dynamique dans l’étude des coûts.
Niveau 1 : approche statique des coûts => | FRAIS DIRECTS | FRAIS INDIRECTS | |||||||
Niveau 2 : approche dynamique des coûts => |
|
Le champ d’application dans cet exemple est une prestation composée de plusieurs tâches. Chaque tâche induit des frais (directs et indirects) ce qui donne le contenu du coût. Les charges citées dans le tableau précédent ne sont que des exemples fournis à titre indicatif. Seule une situation réelle permet de répertorier toutes les charges entrant dans la composition d’un coût.
Dans une bibliothèque fonctionnant en autarcie et en choisissant comme champ d’application les fonctions remplies par cette bibliothèque, Josée-Marie Griffiths et Donald W. King (1997) ont établi une grille composée de trois groupes de fonctions. Au cas où l’on voudrait affiner le calcul des coûts, il faudrait décomposer chacune de ces fonctions en tâches correspondantes. Le champ d’application devient alors coûts par tâches :
‘“ Fonctions liées aux utilisateurs, fournissant les services et produits destinés aux utilisateurs de la bibliothèque, qui comprennent :Les auteurs justifient la répartition des fonctions en ces trois catégories par le fait qu’elles n’obéissent pas aux mêmes méthodes de calcul et d’évaluation. Remarquons au passage que la première catégorie des fonctions concerne la base avant de l’activité/service de la bibliothèque, alors que les deux autres relèvent plutôt de la base arrière.
Quel que soit le champ d’application, le coût est toujours composé de plusieurs charges différentes (le contenu du coût) dont seule une situation réelle permet d’en rendre compte exhaustivement.
S’intéresser au coût du réseau revient à assimiler ce dernier à un champ d’application. Mais, à partir du moment où l’on commence à s’intéresser au contenu de ce coût, on passe du niveau macro au niveau micro. Les deux niveaux de calcul sont complémentaires, voire même indissociables l’un de l’autre. Car, si l’on veut faire parler les chiffres, il faut aller au delà de leur niveau global. C’est ainsi que le coût indirect du réseau obtenu en soustrayant son coût direct de son coût total doit être ventilé sur les différentes composantes du champ d’application. Les trois composantes du réseau en tant que machine relationnelle, à savoir l’infrastructure, l’infostructure et l’infoculture peuvent alors être considérées comme des clefs de ventilation. Pour affiner l’analyse encore plus, on ventilera le coût de chacune de ces trois composantes sur ses éléments spécifiques (exemple le coût de l’infrastructure sera ventilé sur les machines, le câblage et la connexion, les logiciels, etc.)
D’autres clefs de ventilation des frais indirects du réseau sont bien sûr envisageables. L’essentiel c’est de toujours partir d’une analyse de l’existant, donc d’une situation réelle.
L’analyse de l’existant se fixera pour objectif de repérer les transformations apportées par le réseau sur les activités et les tâches habituelles de la bibliothèque (nouvelles tâches, tâches disparues, tâches fédérées, tâches éclatées, etc.) Emmanuel Moulin (1995) préconise cinq étapes pour l’analyse de l’existant qui débouchent sur la construction d’une matrice de calcul des coûts :
- MOULIN, Emmanuel. - Les coûts en documentation, ADBS-édition, Paris, 1995, p. 28
- Idem
- Idem, pp. 99-122
- Idem
- Idem, p.30
- GRIFFITHS, Josée-Marie & KING, Donald W., “ Mesures de la valeur des services d’information ”, in : Economie et bibliothèques, Editions du cercle de la librairie, ouvrage collectif, Paris, 1997, pp. 159-173