2.2.2. Exemple de monétarisation : le temps c’est de l’argent

Une tâche ne pouvant se réaliser en dehors du temps, celui-ci est donc le vecteur qui supporte le cheminement de la tâche du début à la fin. Ainsi, il est pour les économistes et les comptables un poste de coût très utile dans leurs analyses et études. On parle du coût d’une heure de travail, du coût des congés maladies, du coût d’une journée de grève, etc. Certaines prestations en bibliothèques, comme la recherche en ligne, sont facturées en fonction de la durée. Mais le problème se pose par rapport à la valeur de ce qu’on appelle communément “ le temps mort ”. Exemples, Comment calculer le coût du temps d’attente d’une information, du temps d’adaptation à un nouveau standard, du temps d’apprentissage d’une méthode, du temps de réflexion avant d’agir, du temps consacré à des déplacements que l’on aurait pu éviter, etc. ?

La méthode la plus répandue pour mesurer le coût du temps est la méthode dite du “ consentement à payer ” (will to pay).

‘“ La méthode du consentement à payer est un outil privilégié pour mesurer des effets non valorisés sur le marché. Pour évaluer un avantage, les bénéfices sont déterminés par la somme que les utilisateurs sont décidés à payer pour pouvoir continuer à profiter du bien ou du service considéré. Pour évaluer un dommage, on retiendra la somme que les individus concernés sont prêts à acquitter pour la suppression du bien ou du service qui en est la cause. ” 133

Bruce R. Kingma cite l’exemple d’une étude américaine réalisée en 1994 auprès des usagers du Prêt entre bibliothèques pour leur demander “ s’ils étaient disposés à payer pour recevoir les articles plus rapidement. ” 134 Mais cette méthode est critiquée parce que les individus n’ont pas tous la même appréciation du temps, et par conséquent n’ont pas toujours le même consentement à payer. Pour certains, le temps est tellement important qu’ils sont prêts à le payer cher ; d’autres individus disposeraient d’une marge de temps telle qu’ils préfèrent en perdre que de payer pour accélérer une démarche. Par ailleurs, la différence dans l’appréciation du temps peut s’expliquer par des considérations objectives surtout dans le cas des organisations qui ne sont pas soumises aux mêmes contraintes, comme la taille de l’établissement, l’intensité de son activité, les pressions auxquelles il est confronté, sa sollicitude, etc. La question se pose quant à la fiabilité des moyennes dans ce genre de calcul.

Notes
133.

- DUPUIS, Xavier. – Culture et développement : de la reconnaissance à l’évaluation, Paris, UNESCO / Institut Culturel Africain, 1991, p. 117

134.

- KINGMA, Bruce R.- “ Economie comparée de l’achat de périodiques et de l’accès aux articles ”, in : Economie et bibliothèques,Paris, Editions du Cercle de la librairie, 1997, pp. 187-197