3.1. L’évaluation par l’approche du coût global du réseau

Le coût du réseau est à ne pas confondre avec les coûts dans une situation de réseau. Dans le premier cas, la bibliothèque est un cadre d’analyse où le réseau n’est qu’un champ d’application dont on cherche à calculer le coût. Dans le deuxième cas, le réseau cesse d’être champ d’application et se transforme en cadre d’analyse à l’intérieur duquel l’on cherche à étudier des coûts (en fonction des champs d’application retenus : le coût du catalogage en réseau par opposition au coût du catalogage en autarcie, le coût de la conservation en réseau comparé toujours au coût de la conservation en autarcie, etc.)

La comptabilité générale, en opérant sur un niveau global de l’organisation, permet d’établir :

  • le coût global de la bibliothèque avant son ralliement au réseau,
  • Le coût global de la bibliothèque après son ralliement au réseau.

Il suffirait de soustraire le premier du deuxième pour établir le coût du réseau pour une bibliothèque donnée. Schématiquement, soit C Bi le coût initial d’une bibliothèque avant son adhésion au réseau, soit C Br le coût de cette bibliothèque après son adhésion au réseau, soit C Rb le coût du réseau pour la bibliothèque, ce dernier est égal à l’écart suivant :

CRb = CBr - CBi

Ceci étant, le coût total du réseau pour l’ensemble des bibliothèques rattachées à ce réseau, que l’on symbolisera par C R b , n’est pas égal à la somme des coûts du réseau pour chacune des bibliothèques membres. A cela, il faut ajouter les coûts transversaux induits par les organes communs de gestion et de contrôle et qui ne sont pas forcément imputés sur les comptes des bibliothèques membres. Ces coûts transversaux peuvent être supportés par l’Etat, les collectivités, les usagers, etc.

CR b = CRb1 +CRb2 +CRb3 +CRb n + Coûts Transversaux
( n étant égal au nombre des bibliothèques membres du réseau)

Une lecture purement comptable de l’analyse Coûts/avantages déboucherait sur les enseignements suivants : si C Rb est négatif, le réseau permet un gain de coûts au niveau de la bibliothèque ; si au contraire, il est positif, cela veut dire que le réseau alourdit les coûts de la bibliothèque.

Pourtant, certaines bibliothèques gardent l’option réseau en dépit d’un C Rb positif. C’est qu’elles y trouvent certainement des avantages qui débordent le cadre de cette équation comptable. Ceci renvoie à la notion du coût d’opportunité dit aussi coût de renonciation. Selon Frédéric Teulon (1995), le coût d’opportunité représente la valeur de l’alternative la plus intéressante que l’on a abandonnée en faveur de celle choisie. ” 139

On ne saurait, dès lors, se contenter d’une lecture purement comptable pour “ décréter ” un Oui au réseau à chaque fois que C Rb est négatif et un Non à chaque fois qu’il est positif.

Du reste, C Rb est un chiffre global qui touche à toutes les fonctions de la bibliothèque. La ventilation de ce chiffre global (qu’il soit positif ou négatif) sur les différents postes de coûts pourrait révéler que le réseau induit des surcoûts au niveau de certaines fonctions de la bibliothèque et des économies au niveau de certaines autres. S’arrêter au coût global peut donc cacher les mécanismes redistributifs, c’est-à-dire les transferts compensatoires à partir des niveaux bénéficiaires au profit des niveaux déficitaires. Ceci pose la question quant à la possibilité d’optimiser les économies en optant au réseau uniquement pour certaines fonctions et en l’écartant pour d’autres ; ce qui revient à raisonner selon la logique industrielle décrite plus haut.

Mais, dès lors que l’on cherche à faire parler les chiffres en ventilant le coût global du réseau sur les différents postes de coûts (les différentes activités, fonctions, services, tâches, etc.), on bascule dans la démarche micro-économique qui a été traitée plus haut.

Notes
139.

- Teulon, Frédéric. - Initiation à la microéconomie, Paris, PUF, 1995, p. 3