3.1. Les composantes de l’environnement interne

3.1.1. Les éléments matériels

Ils comprennent les équipements, les ressources financières, les locaux et le mobilier. Dans le cadre de notre réflexion, ce sont les effets immatériels du réseau sur ces éléments matériels de la bibliothèque qu’il nous faut identifier.

Le réseau suppose un seuil critique de standardisation et de mise à niveau de l’ensemble des éléments matériels. Ces impératifs peuvent, selon les cas, représenter des avantages ou des inconvénients. Lorsqu’il s’agit d’une barrière à l’entrée, ils sont vécus comme des contraintes. Par contre, lorsque la bibliothèque, poussée par les nécessités de partager une infrastructure commune avec ses partenaires, adapte sa propre infrastructure (technologie, normes, équipements, etc.) pour la mettre en conformité avec l’infrastructure globale du réseau, il s’agit souvent d’un effet positif, en ce sens que c’est le réseau qui est à l’origine de cette évolution. Toutefois, deux conditions doivent être réunies pour que cette réflexion soit pertinente. Premièrement, il faut que l’infrastructure réseau soit d’une qualité supérieure à l’infrastructure de la bibliothèque concernée par la mise à niveau. Deuxièmement, la bibliothèque doit avoir les moyens d’opérer cette mise à niveau ; faute de quoi, ces effets se retourneraient contre la bibliothèque qui les percevrait comme contraintes et inconvénients. Nous avons déjà évoqué ces aspects dans le chapitre relatif à la modélisation du réseau lorsque nous avons analysé la composante infrastructure.

L’architecture du réseau peut, elle aussi, soit favoriser un usage optimal des ressources matérielles de la bibliothèque, soit, au contraire, être à l’origine de dysfonctionnements et de gaspillages.

‘“ Les bases de données relationnelles permettent d'organiser l'information de façon à fournir à tous les acteurs d'un processus donné des informations non redondantes et actualisées en permanence. Les réseaux offrent des moyens de coordination efficaces et peu coûteux qui assurent une grande rapidité de circulation d'information et une bonne proximité entre acteurs même physiquement éloignés. ” 186

La nature physique et tangible des moyens matériels, ainsi que les impératifs d’une gestion efficiente de ces ressources matérielles, font que l’on cherche à les protéger jalousement pour leur garantir une durée de vie maximale. Or, cette attitude risque de représenter une dérive par rapport à la logique de la machine relationnelle. Car lorsque le réflexe réseau fait défaut, un responsable de bibliothèque, soucieux de préserver les moyens matériels dont il dispose, refusera de prêter du mobilier à un collègue pour l’aider à organiser une manifestation culturelle, ou de dépanner un autre collègue dont le matériel audiovisuel est déficient ou encore de stocker dans ses locaux plus vastes des documents d’un partenaire étouffé dans des locaux exigus. Le paradoxe en matière de moyens matériels à ce niveau, c’est que les avantages du réseau pour un partenaire sont forcément des inconvénients pour l’autre partenaire. Celui qui met son matériel à la disposition de ses partenaires, l’expose du coup à une usure plus rapide. Pour dépasser ce paradoxe, il faut raisonner selon une vision globale qui, au-delà de la nécessité d’identifier ces contraintes en tant que telles, doit comparer ces “ sacrifices ” aux avantages liés aux traditions de solidarité que ces pratiques génèrent.

Notes
186.

- TARONDEAU, Jean-Claude – “ la gestion par les processus ”, in : Cahier Français, n° 287, Management et organisation des entreprises, La Documentation Française, Paris 1998