1. L’Infrastructure

1.1. Infrastructure globale du réseau Versus infrastructures propres aux établissements membres

L’infrastructure du réseau est à ne pas confondre avec l’infrastructure propre à chaque pôle. Elle n’est pas la somme des infrastructures des différents membres du réseau. Elle est plutôt l’ensemble des moyens matériels et techniques mobilisés pour assurer le fonctionnement et la pérennité du réseau. Ces moyens peuvent être communs ou particuliers à un ou à plusieurs membres qui les mettent au service de l’ensemble du réseau. Pour qu'une composante de l'infrastructure propre au membre devienne élément de l'infrastructure globale du réseau, il faut qu'elle joue un rôle dans le fonctionnement du réseau. De ce point de vue, il est fréquent que l'infrastructure du réseau se trouve dépendante des infrastructures propres à chacun des membres. Les niveaux d'équipement en NTIC, des compatibilités entre les équipements et les normes de chacun peuvent faciliter ou entraver le fonctionnement global du réseau et son intégration. C'est ce qui nous permet d'apprécier la connexité du réseau. Celle-ci est mesurée en fonction de la compatibilité et de l'harmonie logistiques entre les infrastructures des différents membres du réseau, notamment sur le plan des équipements informatiques et des normes de travail.

Nous présenterons, en annexe 3, une photographie des infrastructures des pôles à travers un tableau récapitulatif qui permet de se constituer une idée sommaire sur le niveau d'intégration infrastructurelle du réseau. Nous ne nous intéresserons donc aux moyens propres que dans la mesure où ils interviennent dans le fonctionnement du réseau.

Une vue d’ensemble des membres du réseau laisse dégager une certaine hétérogénéité infrastructurelle et technologique, qui ne cesse cependant de s'atténuer grâce, d’un côté, aux projets de restructuration et d’harmonisation des grands outils nationaux (les catalogues collectifs nationaux), et de l’autre côté, à l’engagement des tutelles (Ministères, organismes publics, collectivités publiques et territoriales) dans la rénovation et la mise à niveau des équipements (informatiques et de réseau) et des technologies (normes et logiciels) professionnelles.

Au moment de l'enquête, trois pôles seulement n'avaient pas encore de sites web. Tous les trois déclarent avoir des sites web en chantier. Tous les autres pôles ont des sites web. Leurs catalogues y sont généralement accessibles au moyen de la norme Z39.50. Cependant un ensemble non négligeable de bibliothèques offre un accès Telnet aux catalogues. Certaines bibliothèques de ce groupe conditionnent l'accès à l'utilisation d'un mot de passe.

Par ailleurs, tous les membres du réseau ne cataloguent pas dans les mêmes bases bibliographiques. Nombreuses sont les bibliothèques qui créent elles-mêmes leurs propres notices (catalogage original) et ne font donc pas de récupération dans des réservoirs bibliographiques. Quand à la récupération et la dérivation dans les réservoirs bibliographiques, c'est le réseau américain OCLC qui s'impose nettement face à des réseaux nationaux comme BN-OPALE ou SIBIL offrant ainsi une illustration éclatante de l'importance des effets de club face auxquels mêmes des considérations politiques relatives à l'intérêt national ont du mal à résister.

Le paysage bibliographique français est en pleine restructuration avec deux grands chantiers ouverts : le Catalogue Collectif de France et le Système Universitaire de documentation. Deux attitudes assez contrastées sont constatées par rapport à ces deux chantiers. Si les responsables politiques et les tutelles semblent euphoriques quant aux incidences attendues de ces deux chantiers (homogénéisation des pratiques bibliographiques au niveau national et par conséquent des économies d'échelle, une meilleure offre bibliographique à l'utilisateur final, mise en valeur des fonds de bibliothèques, etc.), les professionnels des bibliothèques sont plus réservés et certains sont carrément opposés à ces chantiers. Les retards accusés par le CCF et la modestie de ses objectifs (le CCF n'est pas une base de catalogage partagé), sont des arguments évoqués par nombre de professionnels pour montrer les limites de ce projet qu'ils considèrent dévoreur de temps, d'argent et d'énergie. Quant au SU, plusieurs bibliothèques s'y sont opposées notamment celles qui récupèrent et dérivent les notices dans OCLC. Mais la volonté politique a fini par l'emporter en forçant la décision de créer ce réseau universitaire dont l'objectif est de fusionner les différents catalogues collectifs universitaires (Pancatalogue, CCN-PS, et Téléthèses). Se trouvant devant le fait accompli, les bibliothèques réticentes se sont rendues à l'évidence et ont commencé à y collaborer.

Le niveau d’équipement en nouvelles technologies est globalement inégal. Les pôles label sont technologiquement plus avancés que le reste des pôles. Ceci s’explique par le fait qu’ils sont rattachés à de grands établissements bénéficiant d’une infrastructure technologique solide et de pointe.

On constate que les utilisateurs d’un même système informatique ou les clients d’une même base bibliographique sont généralement réunis dans des clubs d’utilisateurs, sorte de groupes de pressions pour mieux peser face à leurs prestataires de services, exemple club des utilisateurs du système GEAC, club des utilisateurs du système LORIS, l'association AUROC qui regroupe les bibliothèques cataloguant en OCLC, etc.