1.2. Technologies, normes et ressources bibliographiques

A ce niveau, l'essentiel des moyens est assuré par la BnF.

On cite en premier lieu le site web de celle-ci [ http://www.bnf.fr ] qui réserve une place de choix à la politique réseau de la BnF au moyen d'une icône bien située sur le portail principal du site. C'est ainsi que le réseau des pôles associés bénéficie d'une très bonne visibilité sur ce site très fréquenté par les chercheurs et les internautes. Cependant certains membres du réseau (PUDS5) estiment que la BnF “ ne profite pas assez de son réseau informatique pour assurer et développer une meilleure visibilité du réseau auprès de son public.

Le deuxième apport de la BnF à l'infrastructure du réseau est son catalogue BN-OPALE qui couvre les documents imprimés (livres et périodiques) entrés à la Bibliothèque nationale depuis 1970. Les notices bibliographiques produites dans BN-OPALE servent de référence et sont commercialisées auprès d’un grand nombre de bibliothèques principalement municipales.

Un autre outil bibliographique par rapport auquel la BnF joue un rôle de premier rang et qui peut être un important facteur d'intégration du réseau des pôles associés est la liste d'autorité RAMEAU (Voir première partie). Cette liste informatisée depuis 1980 a rendu possible des recherches sur BN-OPALE par matières. RAMEAU s'enrichit des propositions de modification ou d’ajout de nouvelles vedettes matières faites par les bibliothèques utilisatrices. Leurs propositions sont traitées par des experts de la BnF qui travaillent en collaboration avec un certain nombre de “ bibliothèques-experts ”.

Les notices d'autorité sont, elles aussi, une référence et par conséquent elles représentent un facteur de normalisation et d'homogénéisation des catalogues des autres bibliothèques et favorisent ainsi la coopération et le travail en réseau.

Si pour le catalogage, ce sont surtout les BM qui ont recours à la base BN-OPALE, la liste d'autorité RAMEAU est, elle, largement utilisée par les bibliothèques universitaires.

Le dernier élément apporté par la BnF à l'infrastructure du réseau est le CCF.

‘“ Le Catalogue collectif de France a précisément pour ambition de fournir aux chercheurs sinon une base de données unique, du moins un système de recherche intégré permettant, à partir d'une seule requête, d'identifier, de localiser, et de solliciter la communication ou la reproduction d'un document où qu'il se trouve. A ce projet, est associé un programme pluriannuel de conversion rétrospective des catalogues. ” 202

S'il est indéniable que cet objectif, une fois atteint, facilitera la tâche à l'utilisateur en lui évitant de multiplier les démarches faute d'un catalogue collectif intégrant l'ensemble des grandes applications disponibles, les détracteurs de ce projet, qui a accusé beaucoup de retards par rapport à son échéancier de départ, considèrent qu'il faut mettre en balance cet avantage avec les coûts et les contraintes qu'il induit. A partir de là, certains considèrent que le rapport coût-avantages n'est pas favorable à ce projet et préconisent de se contenter d'offrir un accès sur le web aux catalogues des différentes bibliothèques.

Encadré n° 2 : Le Catalogue collectif de France : une réalisation ébauchée
Le catalogue collectif de France (CCF) devait constituer selon l’expression du président François Mitterrand le “ langage commun de toutes les bibliothèques de France ” .
Son élaboration supposait de collecter des notices bibliographiques informatisées auprès de bibliothèques municipales et de bibliothèques universitaires afin de les ajouter à celles du catalogue de la BnF.
Compte tenu des retards pris dans l’informatisation des catalogues des bibliothèques municipales et universitaires, cette collecte devait s’accompagner d’opérations importantes de conversion rétrospective. S’agissant des bibliothèques municipales, un plan a été élaboré avec la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture afin d’assurer l’informatisation des fonds anciens (antérieurs à 1811). Il s’est traduit par l’aide apportée par la BnF à 55 bibliothèques municipales. En ce qui concerne les bibliothèques de l’enseignement supérieur, la BnF a apporté son soutien financier à la réalisation du “ système universitaire qui constitue leur catalogue collectif propre. Ce système concerne l’ensemble des bibliothèques universitaires qui possèdent plus de 200000 volumes ou qui assurent la mission de centres d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique (CADIST). Le montant de l’aide apportée par la BnF à ces opérations, somme toute assez modeste au regard de l’enveloppe initiale, s’élevait à 50,7 millions de francs, soit 42,1 millions de francs pour les bibliothèques municipales et 8,6 millions de francs pour les bibliothèques universitaires.
Au-delà de l’aide apportée à ces opérations de conversion rétrospective, la BnF a en charge la maîtrise d’ouvrage du système informatique sur lequel repose le CCF. En ce domaine, le retard accumulé par la BnF est considérable : en 1992, était envisagée une mise en service dès 1995 de ce catalogue avec 6 millions de notices provenant des différents réseaux des bibliothèques françaises ; aujourd’hui, seul est disponible le répertoire national des bibliothèques et centres de documentation qui constitue un descriptif des établissements et de leurs fonds. [...]
D’ici octobre 2000, l’outil informatique de localisation permettant de consulter par un point d’accès unique le catalogue BnF, les fonds anciens des bibliothèques municipales et les catalogues des bibliothèques universitaires via le système universitaire devrait être accessible au public ainsi que les procédures d’accès aux systèmes de fournitures de documents des partenaires. [...]
Le CCF constitue un atout pour la recherche française en permettant d’assurer l’unité du patrimoine documentaire national. La mise en commun de l’ensemble des fonds du réseau des bibliothèques françaises devrait favoriser une meilleure exploitation des collections, qui sont pour la plupart complémentaires : les opérations de conversion rétrospective conduites à la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg ont révélé que moins de 30 % des ouvrages qu’elle possédait étaient également présents dans les collections de la BnF.

Les apports des pôles associés à l'infrastructure du réseau, au sens défini en début de ce paragraphe, sont presque inexistants. Pour les pôles de partage documentaire, il n'y a pas d'outils propres qui sont mis à la disposition de l'ensemble du réseau, à l'exception de PUDS6 qui affirme disposer d'une base de données bibliographiques spécifique au champ de partage documentaire du pôle. Pour les pôles bibliographiques, on peut considérer leurs bases de données bibliographiques constituées dans le cadre de cette coopération, à condition qu'elles soient accessibles à distance, comme un élément de l'infrastructure du réseau.

Du reste, la satisfaction d'un certain niveau d'équipement et de normes de travail est une condition préalable à l'admission au réseau. Du coup, certains pôles, du fait qu'ils remplissent déjà ce niveau technologique critique, considèrent que ce réseau ne représente pas de véritables enjeux ou contraintes de taille pour eux.

‘“ C’est dans les grands réseaux à enjeux importants qu’on rencontre des contraintes de taille, comme dans OCLC, le CCF, le CCN-PS ou le futur SU qui posent des problèmes techniques de normalisation (catalogage et indexation, formats d’échanges, compatibilité de machines, etc.), de coûts, de temps de recherche et de localisation, etc. De ce côté, je dirais que les pôles associés ne sont pas vraiment un réseau. ” [PUDS15] ’

Mais ce n'est pas l'avis de tous les pôles, car certains considèrent au contraire que ce réseau comporte de véritables enjeux technologiques et qu'il est ouvert sur de réelles perspectives de coopération sur ce plan.

‘“ Dommage que nous ayons continué à travailler avec les mêmes méthodes et normes de travail, alors que le réseau présente de grandes possibilités de coopération aux niveaux théorique et technique. ” [PCDS1b]
“ Nous devons être prudents si on veut engager une opération de conversion rétrospective. La rétroconversion a fait perdre à la bibliothèque de la documentation internationale contemporaine de Nanterre * son indexation, car elle n’était pas sur les mêmes normes techniques que la BnF. ” [PUDS10] ’

Notes
203.

- Extraits de NACHBAR (Philippe) ; RICHERT (Philippe). - La Bibliothèque nationale de France : un chantier inachevé, Rapport d’information 451(1999-2000), Commission des affaires culturelles du sénat.

*.

La Bibliothèque de la documentation internationale contemporaine de Nanterre n’est pas codifiée parce qu’elle n’est pas un pôle associé. Elle est citée par un pôle (PUDS10) pour argumenter son point de vue.