3.1. Les représentations du réseau chez les pôles associés : la culture réseau

En interpellant les correspondants des pôles associés sur leurs conceptions respectives de ce qui définit un réseau documentaire, nous cherchions à savoir s’ils s’entendaient sur des critères communs et si leurs divergences, au cas où elles existent, sont fondamentales au point d’altérer l’efficacité de la coopération.

Le premier enseignement est relatif au modèle du réseau en tant que machine relationnelle à trois composantes. Les réponses recueillies permettent de jauger la fiabilité du modèle théorique. A cet égard, aucun élément évoqué ne sort du cadre de l’une de ces trois composantes.

Mais ces réponses permettent surtout de connaître le point de vue des différentes catégories des pôles associés quant à l’ordre d’importance des trois composantes dans la constitution et le fonctionnement du réseau. Derrière, nous cherchions à tester l’hypothèse d’une corrélation entre le profil du pôle [nature institutionnelle (B.U., B.M., etc.) statut du pôle (P.S./P.L.), domaine de coopération (P.D./P.B.), composition (P.U./P.C.), etc.]et la représentation qu’il se fait du réseau. L’analyse des réponses obtenues ne permet pas de conclure à de telles corrélations. Les idées clefs qui fondent les représentations des différents pôles et que nous exposons ci-dessous ne sont pas spécifiques à tel ou tel profil de pôle. Ces idées se résument dans les points suivants :

  • Un réseau de bibliothèques ne se décrète pas d’en haut. C’est avant tout un aboutissement de longues pratiques de coopération rendues possibles par la convergence vers des objectifs communs, le volontarisme des professionnels de terrain et leur désir d’échanger et de travailler ensemble. Les aspects formels comptent moins que les aspects informels dans les réseaux de bibliothèques. Certains pôles vont jusqu’à appeler à se contenter des relations informelles et à se passer de la signature d’accords formels.
‘“ En bibliothèques, les réseaux se créent d’eux-mêmes, sous la pression de la nécessité. Au départ, on se rencontre pour mettre les choses en route. Et puis, il n’y a plus besoin de se voir tout le temps. ” [PUDL4, PUDS12, PUDS7, PUDS13, PCDS7b]’
  • On ne peut pas parler de réseau sans infrastructure informatique commune et outils de travail compatibles et homogènes. En France, on a souvent tendance à négliger l’infrastructure au profit des questions organisationnelles et administratives qui ne valent rien sans les moyens qui permettent de les mettre en application.
‘“ Le vrai travail en réseau signifie que tout doit passer par le même moule pour pouvoir se comprendre et échanger. ” [PUDS14, PCDS1b]
“ L’informatisation a bouleversé le fonctionnement des bibliothèques. Certaines tâches, autrefois lourdes en personnel, sont désormais partagées (le catalogage) ; d’autres, très marginales hier, ont pris le devant (le PEB). L’informatisation, au même titre que l’économie, est une raison forte de travailler en réseau. C’est une cause et un outil pour les réseaux. ” [PCDS1b]
“ En France, le réseau est souvent conçu dans sa dimension organisationnelle et administrative et très peu dans sa dimension physique et infrastructurelle ” [PUDS12]’
  • Le réseau des pôles associés n’aurait pas vu le jour sans une volonté politique venue d’en haut. Il répond à une volonté d’aménagement du territoire concrétisée par la politique de décentralisation tout au long des années 80. [PUDS5, PUBS1, PCBS1]