Plusieurs réponses peuvent être apportées à chacune des questions posées ci-dessus. A chaque bibliothèque son contexte et sa réalité. Les tableaux ci-dessous sont présentés dans le but d’illustrer la complexité et la diversité des situations possibles. Il est utopique de chercher à dresser l’inventaire complet des effets du réseau sur les bibliothèques, car à chaque situation correspond une réalité propre qui génère ses propres données.
Notre objectif final est donc de construire un outil d’identification des effets et de proposer une méthode cohérente pour les apprécier, qui soient compatibles et opérationnels dans des contextes différents.
| Effets de l’Infrastructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| L’adoption de mes standards par mes partenaires renforce ma position Une bonne anticipation en matière de technologie renforce ma position à l’égard de mes partenaires : “ l’avantage du pionnier ” |
Difficile de changer un standard une fois adopté. Les coûts de changement sont trop importants. Tout retard infrastructurel me placera en position inférieure. Mais toute anticipation hasardeuse est dangereuse. Avoir une infrastructure commune réduit mon autonomie de décision. Les standards jouent le rôle de barrières à l’entrée. La robotisation s’opère aux dépens des relations humaines |
| Effets de l’Infostructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| La tête de réseau bénéficie de plus de pouvoir. Plus j’ai de rapports avec mes partenaires plus je peux échanger et m’enrichir. Les contrats précisent les droits et obligations de chacun et barrent la route aux comportements opportunistes. Les accords que je signe avec mes partenaires renforcent ma position vis-à-vis de ma tutelle. |
Être tête de réseau signifie avoir beaucoup de responsabilités et de travail. Le contrat n’est pas forcément générateur de coopération. Il peut créer des situations de subordination et de dépendance. Dans certains réseaux hiérarchiques, les partenaires sont réduits à des exécutants passifs. L’absence d’un organe de coordination peut être source d’anarchie et de conflits. Risque de constitution de clans dans les réseaux maillés. Les membres occupant des positions centrales auront tendance à bloquer les changements structurels pour protéger leurs positions. L’hétérogénéité institutionnelle des partenaires peut être à l’origine de divergences dommageables. |
| Effets de l’Infoculture | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| La convergence des objectifs diminue les conflits et motive les jeux coopératifs. De bons rapports humains pallient les défaillances de la machine et des contrats rigides. Les organisations non marchandes sont mieux disposées à se constituer en réseaux coopératifs (écoles, hôpitaux, bibliothèques, etc.) Les réseaux coopératifs (non concurrents) permettent un échange sans réserves des savoir-faire. Les partenaires dans un réseau peuvent agir en groupe de pression vis-à-vis de leurs fournisseurs et interlocuteurs pour mieux défendre leurs intérêts. Les réseaux informels sont souples et n’imposent pas d’obligations particulières. La manipulation des relations peut être source de pouvoir Avoir accès aux ressources de mes partenaires renforce ma position vis-à-vis de ma tutelle |
La divergence des objectifs est source de comportements opportunistes et de jeux conflictuels Les relations dans les réseaux concurrentiels sont marquées par la méfiance et l’opportunisme. Les réseaux concurrentiels fonctionnent suivant le principe de service contre service (donnant / donnant) Les enjeux de pouvoir sont présents dans tous les types de réseaux (coopératifs ou concurrentiels). Dans un cas, c’est dans le but d’asseoir son leadership et d’imposer sa loi, dans l’autre, c’est dans le but de conquérir le maximum de parts de marchés. La manipulation des relations peut créer des clans et être source de conflits et de tensions. Des dérives peuvent éloigner le réseau de ses objectifs de départ et se traduire par des frustrations chez les membres. |
| Effets de l’Infrastructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| Les NTIC permettent de surmonter les obstacles géographiques et de gagner du temps (accès aux services à distance) L’automatisation augmente la fiabilité des catalogues et des outils de recherche et d’accès à l’information. “ la normalisation est un levier de la qualité. ” 221 En facilitant l’échange des informations et en fiabilisant les services rendus, l’infrastructure attire plus d’utilisateurs, et par conséquent accroît davantage encore la taille du réseau. (Effet feed-back positif : la confiance nourrit le succès, la défiance précipite l’échec.) |
La normalisation tend à homogénéiser le produit (ou le service) et réduire les possibilités de sa différenciation.
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On risque de proposer le même produit (service) à des usagers aux profils et besoins différents. Les NTIC sont trop focalisées sur le virtuel. Or, le virtuel ne peut toujours remplacer le tangible. L’utilisation des services nécessite de connaître les modes d’emploi (un coût d’initiation et d’assistance) La machine a tendance à remplacer le professionnel (déshumanisation du service rendu.) La machine a ses limites : son intelligence et sa capacité d’anticipation sont limitées |
| Effets de l’Infostructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| Dans les réseaux centrés mémoire, les services sont accessibles à tout moment. Dans les réseaux hiérarchiques, il n’y a pas plusieurs centres de décision (peu de risque d’anarchie) La diversité institutionnelle des partenaires peut être facteur enrichissant (externalités de l’offre) Un réseau n’est jamais figé. Ses objectifs et son domaine de coopération peuvent évoluer et se diversifier. |
Effets bureaucratiques dans les réseaux hiérarchiques centralisés (pour bénéficier du service, la procédure à suivre peut être longue et compliquée.) Effets dissipatifs dans les réseaux maillés à cause des bouchons (embouteillages) et du risque de constitution de clans (certains usagers risquent d’être lésés par rapport à d’autres.) |
| Effets de l’Infoculture | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| Dans les réseaux à forte connivence, on offre les mêmes services à tous, Il n’y a pas de privilèges. La conscience d’appartenir à une communauté large d’utilisateurs réconforte l’usager et le rassure sur la qualité du service. |
Le manque de connivence entre les membres du réseau affecte la qualité des services proposés aux usagers. |
| Effets de l’Infrastructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| La normalisation permet de partager l’information au sein d’un réseau plus vaste (sans avoir besoin de convertir les données d’un format à l’autre.)
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Les normes réduisent l’incertitude et créent des compatibilités qui garantissent des pratiques harmonieuses et une meilleure maîtrise du travail. Les nouveaux adopteurs préfèrent les standards ouverts pour éviter les risques de verrouillage. |
Les technologies du réseau induisent un coût d’apprentissage et d’adaptation. La robotisation du travail s’opère au dépend des relations humaines. Une infrastructure lourde implique d’importants frais de gestion, d’entretien et maintenance. Les standards ne suppriment pas forcément tout verrouillage. Un adopteur peut découvrir qu’il est verrouillé, alors qu’il pensait que le standard assurait une large compatibilité. |
| Effets de l’Infostructure | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| Plus ma position dans le réseau est centrale, plus mon équipe a de chances d’apprendre et de s’améliorer. Un système d’obligations communes impose une mise à niveau interne et une vigilance continue. Un réseau n’est jamais figé. Ses objectifs et son domaine de coopération peuvent évoluer et se diversifier. La diversité institutionnelle des partenaires peut être facteur enrichissant (effets de club). |
Les réseaux hiérarchiques centralisés ont un fonctionnement bureaucratique qui affaiblit la motivation des personnels à participer à l’animation du réseau. |
| Effets de l’Infoculture | |
| Avantages | Contraintes ou Inconvénients |
| Un réseau à forte connivence est une organisation apprenante. En faisant circuler de l’information (en informant), le réseau s’informe, et par-là même, il se transforme. L’appartenance à une communauté est réconfortante. Le sentiment d’avoir des partenaires sur lesquels on peut compter en cas de besoin crée un climat de confiance au sein de l’organisation. . |
Risque de contagion par les conflits et les tensions qui existent chez mes partenaires. Un décideur trop soucieux de sa carrière et de sa notoriété personnelle peut faire des choix de coopération qui se traduisent par des effets de surqualité nuisibles à la bibliothèque. Les temps requis pour l’apprentissage et l’adaptation aux nouveaux modes et méthodes de travail risque d’alourdir les coûts de transaction |
MIGNOT, Hervé & PENAN, Hervé. - " Comment tirer un meilleur parti de la normalisation ? ", in : Revue française de gestion, n° 106, 199 , pp. 77-85
- Dans une économie de marché où les activités sont lucratives, c’est le phénomène inverse qui est constaté. L’adoption d’un standard, en réduisant les possibilités de différenciation du produit, fera accroître la concurrence par le prix. De ce fait, les standards font beaucoup plus l’affaire des consommateurs que des producteurs.
SHAPIRO, Carl & VARIAN, Hal R. – Economie de l’information : guide stratégique de l’économie des réseaux, Paris, De Boeck Université, 1999, p. 204