Homogénéiser pour comparer : ou l’incontournable compromis entre la logique coûts-avantages et la démarche coûts-efficacité

Si la finalité de l’analyse coûts-avantages correspond bien à celle que nous poursuivons, à savoir la rationalisation des choix budgétaires dans le domaine de la décision publique, sa démarche basée sur la monétarisation des effets n’est pas adaptée à notre domaine d’intérêt, en l’occurrence la coopération entre les bibliothèques. Car, à partir du moment où, d’un côté l’activité de la bibliothèque est de nature fortement qualitative souvent impossible à mesurer ; et de l’autre côté, le réseau soulève, lui aussi, beaucoup de questions qualitatives dont principalement celles relatives à la composante infoculture, il ne serait plus approprié d’appliquer l’analyse coûts-avantages à l’évaluation des effets du réseau sur une bibliothèque.

Ces remarques sont d’autant plus pertinentes que l’étude des coûts et avantages du réseau est complexifiée, dans le milieu des bibliothèques, par une double contrainte :

D’un côté, parce que qui dit réseau dit multitude de partenaires, d’où la difficulté de réunir des données homogènes et non redondantes. Nous pensons particulièrement aux externalités et aux transferts compensatoires qui font qu’un membre peut bénéficier (ou souffrir) de retombées indirectes dans lesquelles il n’est pour rien.

De l’autre côté, parce qu’il s’agit d’une activité de service. Cela veut dire deux choses. D’une part, les coûts de production et ceux de distribution qu’on a l’habitude d’aborder séparément dans les activités industrielles sont dans ce cas indissociables du moins au moment de la servuction (la face-avant). D’autre part, l’intangibilité du service se traduit par une difficulté de chiffrer les frais et les avantages de certaines prestations.

La meilleure alternative serait celle d’adopter une méthode d’évaluation qui emprunte à l’analyse coûts-avantages sa finalité et ses objectifs mais non pas sa démarche et ses outils. Il n’empêche que, pour pouvoir comparer les effets objet de l’évaluation, il faut les homogénéiser. La méthode que nous proposons s’inspire de l’analyse coûts-efficacité en ce sens qu’elle préserve aux effets, pendant la phase de diagnostic et de repérage, leur nature d’origine, même si elle le fait beaucoup plus par obligation que par choix. Ce n’est que dans une deuxième phase, que la méthode proposée cherchera à homogénéiser les effets recensés au moyen de leur pondération.