3. Les Frères Musulmans : du réformisme pour le peuple ?

Le troisième acteur, du côté musulman, que nous avons retenu, est un jeune mouvement d’essence religieuse qui apparaît sur la scène égyptienne à la fin des années 1920 : l’association des Frères Musulmans. comme pour al-Azhar et al-Man…r, c’est son rayonnement sur l’islam arabo-sunnite qui nous a conduite à retenir son discours. Certes, ainsi que pour les deux autres, ce discours reste, par bien des aspects, attaché aux réalités égyptiennes. Mais, dans le même temps, son idéologie dépasse le simple cadre de l’Égypte et à ce titre est représentatif.

À l’origine de cette association se trouve un homme à la personnalité emblématique dont la figure marque la période des années de fondation jusqu’à sa mort, cet homme est —assan al-Bann… 237 .

Notes
237.

La bibliographie sur les Frères Musulmans est abondante, mais ne s’intéresse, la plupart du temps, qu’aux développements ultérieurs de l’association. L’inflation de la production à certains moments traduit l’inquiétude de l’Occident face à ce mouvement à l’allure multiforme et aux ramifications qu’il ne contrôle pas toujours. La pensée des Frères Musulmans s’est radicalisée dans un premier temps avec Sayyid Quマb (1906-1966) qui a fait de nombreux émules. C’est pourquoi la plupart des groupes actuels « islamistes » dans le monde musulman se réclament des Frères Musulmans. Une lecture précise de leurs idéologies met en exergue de grandes différences avec la pensée du fondateur.

L’une des problématiques récurrentes dans l’étude de ces mouvements est la place qu’occupe la violence. Intrinsèque à l’idéologie initiale ou réponse à la violence d’État ? On le comprendra, la réponse à cette question est idéologique, voire partisane.

N’étant pas spécialiste de ce mouvement, nous avons eu recours à une bibliographie sélective qui prend en compte essentiellement la période du fondateur. Trouver des ouvrages non engagés sur le sujet relève de la gageure, mais en ne s’attachant qu’à l’événementiel il est possible d’avoir des renseignements neutres. Les travaux retenus ont le mérite de faire la part entre la présentation des faits et les interprétations qu’ils en donnent.