2. L’islam depuis Rome

L’accès aux archives et congrégations vaticanes est soumis à autorisation spéciale pour la période postérieure à 1922. La consultation est possible pour les années précédentes 420 . Nous n’avons rien trouvé qui puisse concerner notre recherche : ni le Vatican, ni la Propagande ne semblent s’être intéressés aux musulmans et à l’islam entre 1880 et 1920. Ce silence est intéressant par défaut.

L’année 1922 marque donc la fermeture officielle des archives mais très vite il nous est apparu que cet obstacle pouvait être contourné de manière plus au moins satisfaisante. Par le biais des archives de certaines congrégations nous avons pu, dans un premier temps, trouver des documents émanant de la Congrégation pour l’Église Orientale. Puis nous avons pu avoir directement accès à certains dossiers de la Congrégation qui ont confirmé nos premières hypothèses et permis de reconstituer tout un réseau que nous avions par ailleurs repéré. Une de nos première hypothèse se voyait confirmée : à la fin des années 1930, le Saint Siège via la Sacrée Congrégation pour l’Église Orientale, manifeste une volonté claire de rationaliser la préparation des missionnaires en terre d’islam. Si l’objectif est dans une première étape d’améliorer la formation des missionnaires, à terme (non fixé), c’est de la conversion des musulmans au catholicisme dont il s’agit. Nous n’avons toutefois trouver aucun document dans ceux qu’on nous a autorisée à consulter provenant directement du Saint Siège, mais il est clairement fait mention du pape dans certaines sources.

La Ville éternelle ne découvre pas les problèmes de formation pour les missionnaires à la fin des années 1930. Dès le début des années 1920, des cours sur l’islam sont organisés au pio. Dans les années trente des cours existent à la Grégorienne et à l’institut missionnaire de la propagande fondé en 1932. L’organisation de ces enseignements est abordée ultérieurement. D’autre part, la fondation par Benoît XV de la Congrégation pour l’Église Orientale (tout comme du pio), puis le rattachement en 1938 des contrées musulmanes dépendant jusque là de la Propagande à la Congrégation pour l’Église Orientale, témoignent d’un intérêt pour le monde islamique qui se précise par une volonté d’organisation de la formation des missionnaires.

L’étude des différents discours soulève d’emblée la question de leur degré respectif d’autorité. Rome a été dans la période l’un des centres de production de discours sur l’islam et sur la mission. l’importance de chacun d’entre eux est fonction de sa représentativité et de la place qu’il occupe dans le microcosme romain. D’où notre choix de distinguer la position de la Congrégation pour l’Église Orientale à partir du moment où elle a en charge la zone musulmane et, in fine, de nous pencher sur le monde intellectuel ecclésiastique romain à travers notamment les cours dispensés sur l’islam.

Notes
420.

C’est pourquoi, lors de notre année de dea nous nous sommes rendue à l’Archivio Segreto et aux archives de la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide pour consulter les catalogues. L’archiviste de la Sacrée Congrégation Pro Chiese Orientali, avec qui nous avions pris contact par lettre, nous a répondu qu’il n’y avait rien pour notre sujet dans les archives.