A. La Sacrée Congrégation pour l’Église Orientale

Du point de vue des lieux de production de discours sur l’islam, c’est le plus romain et le plus proche du Vatican qu’il nous ait été donné de rencontrer, même si son étude demeure partielle, faute d’avoir accès à tous les documents.

Avant la fondation de cette congrégation, il revenait à la Propagande de gérer les affaires ecclésiastiques orientales. En 1862, Pie IX rend son autonomie au domaine oriental avec la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide pro negotiis ritus orientalis. En 1908 Pie X l’a réintègre dans la Congrégation de Propaganda Fide puis en 1917 Benoît XV la restaure définitivement en Sacrée Congrégation pour l’Église Orientale. C’est en 1967 qu’elle devient la Congrégation pour les Églises Orientales. En 1938, la compétence de la congrégation s’étend à l’Égypte et la péninsule du Sinaï, l’Erythrée et l’Ethiopie du Nord, l’Albanie méridionale, Chypre, la Bulgarie, la Grèce, l’Iran, l’Iraq, le Liban, la Palestine, la Syrie, la Jordanie, la Turquie et la Thrace sous domination turque, soit tout un espace musulman méditerranéen sunnite et l’espace iranien š€‘ite. Cette même année, le cardinal Eugène Tisserant (1884-1972) prend la tête de la Congrégation 421 .

Est-ce l’extension géographique qui conduit le nouveau secrétaire à s’intéresser à l’islam ou est-ce le résultat de transfert de compétences de la Propagande ? N’ayant pu consulter les archives de cette dernière, nous ne pouvons savoir si une action en vue de l’apostolat des musulmans existait auparavant. D’après les documents accessibles, il semble que c’est à l’initiative du cardinal Tisserant, à partir de 1938, qu’un projet officiel se met en place. Ses préoccupations sur l’islam rencontrent celles d’un groupe qui se serait constitué en 1937 ou 1938, dont le personnage central est Albert Perbal des Oblats de Marie Immaculée. Si les archives des omi de Rome nous ont été ouvertes sans restriction, le dossier sur l’islam a disparu. Ces archives sont parfaitement inventoriées et le fonds Perbal a été classé par Perbal lui-même. La série consacrée à ces problèmes a pu être supprimée de manière intentionnelle car le classement est si bien fait que les dossiers manquants sont facilement repérables. Nous ne pouvons déterminer qui aurait enlevé les dossiers, mais selon toute vraisemblance il s’agirait de Perbal. nous avons cependant retrouvé, au milieu d’autres documents, quelques informations qui complètent des documents déposés à la Congrégation pour l’Église Orientale et aux archives des pères blancs de Rome.

Une lettre de Perbal à Dom Alexandre Gillès de Pélichy de l’Abbaye de Saint-André Lophem-lez-Bruges 422 , contient une description des intentions que Perbal prête au cardinal Tisserant : « Le cardinal Tisserant est partisan d’un travail silencieux, sans publicité. Il a son plan qui concorde étonnamment avec les conclusions de notre modeste comité ; du moins il me l’a dit ; il recherche et réussit à trouver des hommes qui se spécialisent dans les études de fond sur l’islam comme la connaissance des circonstances locales particulières à chaque pays mahométan ; tout se fait dans le recueillement des bibliothèques ou des bureaux. Soutiendra-t-il un jour quelque chose de plus officiel ? C’est à croire ; Il n’est pas opposé tant s’en faut, à une action du Saint Siège sur les instituts missionnaires, mais autant que possible confidentielle, à cause des dangers d’une publicité maladroite. Il ne m’a pas encore dit ce qu’il ferait, mais on peut être sûr que quand il sera décidé il ira de l’avant ; et, comme, depuis le motu proprio, la Propagande se doit de marcher avec l’Orientale (et je sais qu’elle le fera) il faudra bien qu’on se décide à faire quelque chose pour mieux préparer les missionnaires en pays d’Islam. [...] C’est vers novembre que je déposerais entre les mains du cardinal Tisserant nos conclusions remaniées suivant les observations que j’ai sollicitées de diverses compétences : après tout reste à décider entre lui et le Souverain Pontife. Mais je puis vous dire qu’il est d’avis, comme S.S. Pie XI qu’on n’a pas encore assez fait et qu’il faut faire quelque chose. »

Cette analyse de Perbal est confirmée par un document trouvé aux archives des pères blancs de Rome 423 émanant de Tisserant : « À mon retour ici j’ai été mis au courant par le R.P. Perbal, omi, des 4 ou 5 réunions d’une petite commission qui a siégé pendant que j’étais en Afrique, pour envisager le problème de l’islam du point de vue missionnaire ». Nous avons vu par ailleurs que c’est pendant l’été 1938 que le père Chenu rencontre le cardinal Tisserant qui encourage son projet.

L’année 1938 est donc celle où convergent toutes les initiatives pour le monde musulman. On retrouve dans le comité mis en place par Perbal les mêmes hommes qui se préoccupent de ces questions depuis les années 1920 et qui ont construit un discours sur l’islam et les musulmans.

Le cardinal Tisserant suit de près les évolutions de ce comité et reçoit les comptes rendus des différentes séances 424 . En 1939, il prend contact directement par lettre ou par entretien avec des missionnaires concernés par les problèmes d’apostolat auprès des musulmans. Il reçoit dans ce cadre Mgr Nouet, père blanc, à Rome 425 . Ce dernier lui expose sa conception et sa méthode pour la mission auprès des musulmans en espérant connaître l’opinion du cardinal sur le sujet. La technique de Nouet n’est pas sans rappeler, du moins pour les deux premiers stades, celle du cardinal Lavigerie : dans un premier temps se faire connaître et gagner la sympathie des populations, puis, à l’initiative de l’interlocuteur, parler des vérités communes avec l’islam. Cependant, pour Nouet, il ne faut jamais partir du Qur’…n et selon ce dernier, le cardinal Tisserant approuverait cette démarche car il considérerait qu’il faut rectifier les idées musulmanes. Mgr Nouet croit aussi « [...] même pouvoir mettre certaines âmes dans la grâce sanctifiante. Il [Tisserant] l’admet d’une manière absolue ». Le missionnaire propose ensuite des formules de prières chrétiennes et sans aucun rapport avec l’islam. Son troisième stade est celui de l’enseignement de la vie de Jésus et le quatrième est celui du catéchisme. La finalité étant le baptême sur lequel le cardinal Tisserant se serait prononcé : « Je suis de votre avis, m’a dit le Cardinal, et j’avoue que je n’ai pas bien compris le P. Marchal. Je ne vois pas pourquoi ne pas parler des vérités chrétiennes le plus vite possible, je ne vois pas de quel droit refuser le baptême à une personne instruite et bien disposée ».

Ce document est actuellement le seul qui nous fournisse, encore que de manière indirecte, la vision qu’aurait eu le cardinal des techniques d’apostolat en terre d’islam. Or, il émane de la retranscription d’une conversation et nous n’avons pas la version du cardinal. De plus, à partir d’autres documents consultés, nous pensons qu’il faille nuancer les conclusions de Mgr Nouet 426 . En effet, s’il est probable que le cardinal pense à des conversions, il est surtout convaincu de la nécessité d’une longue préparation.

D’où sa politique de soutien au programme de Chenu et à l’ibla 427 , dont les responsables n’hésitent pas à participer au plan de formation engagé par Tisserant. Ils réservent deux chambres à la rentrée d’octobre 1939 pour héberger deux missionnaires recommandés par la Propagande 428 . Les rapports entre ces deux institutions sont sur ce projet, au vue des lettres consultées, très proches. Dès le mois de juin 1938, date du premier document en notre possession, le cardinal Tisserant sollicite le soutien du cardinal préfet de la Propagande, Mgr Fremasoni Biondi 429 . En fait, Tisserant prie la Propagande de lui indiquer le nom d’un ecclésiastique ou d’un consultant de la Propagande qui puisse faire partie de la commission pour les études sur l’islam 430 . Mais « questo sacro Dicastero non è al presente in grado di soddisfare al desiderio espresso nella suddetta lettera » ; seul un laïc est proposé. La Propagande n’aurait donc pas formé d’ecclésiastique dans ce domaine. L’apostolat auprès des musulmans n’a pas retenu l’attention de la Propagande jusqu’alors. De plus, elle ne semble pas avoir développé de liens avec les islamologues de la Grégorienne ou du pio. Mgr Tisserant entend associer la Propagande à son projet d’harmonisation de l’œuvre déployée par les missions catholiques chez les musulmans.

C’est à Perbal qu’il incombe de constituer un premier état des lieux. Il établit son rapport à partir de consultations effectuées auprès de personnalités engagées sur le terrain ou proches de ces préoccupations : le père Gallo de Tunis, Marchal, Focà, des pères blancs, de Bonneville, Abd-El-Jalil (franciscain), Voillaume de la fraternité d’El-Adiodh Sidi-Cheikh 431 . cette liste fournit les noms du réseau sur les questions islamiques en voie de constitution, même si, curieusement, des noms n’apparaissent pas, comme celui de Mgr Mulla qui est pourtant, à cette époque, professeur au pio d’institutions islamiques 432 . Dans les noms précédemment cités tous, à l’exception d’Abd-el-Jalil, sont des missionnaires présents en terre d’islam, des hommes de terrain. Ils sont pour leur écrasante majorité, à l’exception de Bonneville, implantés en Afrique du Nord, donc au contact de l’islam maghrébin et sous la domination française. ni l’islam asiatique, ni celui d’Afrique Noire ne sont représentés. Ils sont, à deux exceptions près, membres des congrégations dont nous avons choisi d’étudier les discours. Cela constitue pour nous une preuve supplémentaire de la représentativité de ces congrégations dans le domaine de la connaissance de l’islam et de l’intérêt porté à l’islam méditerranéen.

En 1939, le projet prend corps à la Congrégation pour l’Église Orientale suite aux conclusions élaborées par Perbal : « Il s’agit de la fondation d’un organisme analogue à la Conférence Africaine, mais pour les questions islamiques. J’ai envoyé un projet de statut et un long rapport, le deuxième déjà sur cette affaire : le cardinal est favorable et désire ne point perdre de temps en longs préparatifs. Je crois que nous pourrions trouver à Rome une dizaine d’hommes pour constituer cette conférence, mais je décline pour ma part toute participation ; je veux bien aider à la préparer, mais je ne me reconnais sur ce terrain qu’une compétence de débutant. » 433 L’orientation vers la formation technique des missionnaires semble être le point central de l’organisation ainsi que la volonté de sensibiliser les ordinaires présents en terre d’islam 434 . Ces derniers sont en général préoccupés soit par les chrétiens orientaux, s’il y en a, soit par les populations européennes.

Perbal soulève, d’autre part, un problème de fond en soulignant que « les étudiants fréquentant les universités romaines sont rarement destinés aux missions » 435 . s’il existe à Rome deux instituts scientifiques missionnaires, celui de la Grégorienne 436 et celui de la Propagande 437 , leurs étudiants « sont censés devenir les professeurs de science missionnaire dans leurs instituts » 438 et ne sont donc pas destinés au terrain 439 .

Durant l’année 1939, Perbal est chargé de rédiger un projet de lettre aux ordres et instituts religieux sur la préparation des missionnaires en pays musulmans 440  : « l’objet principal de chaque lettre est d’amener chaque Ordre en particulier à l’adoption du principe concret de la préparation soignée des missionnaires en terre d’islam » 441 . Le but est d’interpeller les ordres sur les modalités à mettre en place pour la réalisation de ce projet de formation 442 . Perbal envisage dans une deuxième partie de la lettre d’adapter le discours à ses interlocuteurs en distinguant les ordres déjà confrontés à l’islam au cours de l’histoire, de ceux plus récents qui découvrent le problème 443 . Les pères blancs doivent, selon lui, être traités à part « à cause de la situation spéciale où ils se trouvent avec l’ibla de Tunis » 444 . Le cardinal Tisserant le suit dans cette démarche en adressant une lettre au Supérieur des missionnaires d’Afrique, Mgr Birraux 445 . Tisserant commence par rappeler l’importance historique pour le Siège Apostolique de promouvoir la mission et le recours aux ordres et congrégations dans ce but. Puis il souligne la nécessité, depuis le XIIIème siècle, de l’évangélisation des musulmans, puis revient à l’actualité du problème. Il met ensuite en avant le rôle fondamental de Lavigerie et des missionnaires d’Afrique, en insistant sur la fonction première de l’ibla dont il souhaite faire bénéficier d’autres missionnaires : « Questo ricorreranno a voi più facilmente, se conosceranno il programma alla soluzione del problema musulmano che la Santa Sede vuole guardare in faccia, riconoscendone la gravità. » Le cardinal va plus loin : « Vivendo in mezzo a popolazioni islamiche, essi ripetono volontieri che la prima fase, la più lontana, di questa preparazione deve lasciare il posto a una seconda, caratterizzata da un avvicinamento più intenso e da un’azione che, senza essere imprudente, deve incamminarsi accuratamente e intelligentemente verso un contatto più diretto. [...] Mi permetto infine di rilevare come la presente lettera e qualunque iniziativa riguardante la conversione dei musulmani debba essere circondata dal dovuto segreto, onde evitare il pericolo di indiscrezioni e reazioni che, attesto il carattere sociale della religione islamica e vincolo da cui si sentono uniti i missionari di tutto il mondo, pregiudicherebbero senza dubbio gravemente il successo dei vostri sforzi nel presente e nell’avvenire. »

Cette longue citation met bien en évidence le rôle que Tisserant entend faire jouer à l’ibla, qui est le seul institut de ce genre, ainsi que sa volonté de passer à un stade plus actif dans l’évangélisation des musulmans. Le cardinal n’est pas sans connaître les difficultés rencontrées dans ce type d’apostolat. il attribue les obstacles à ce qu’il nomme le caractère social de la religion musulmane. Il reprend par la même l’un des arguments majeurs d’explication de l’échec des conversions. Il est toutefois intéressant de relever que la dimension sociale d’une religion ne peut être perçue que dans une société en voie de sécularisation.

Nous avons, pour les autres congrégations, trouvé seulement des extraits de lettre préparés spécifiquement à l’attention des dominicains et des jésuites. Pour les premiers c’est l’aspect scientifique qui est mis en avant parallèlement au rejet de tout prosélytisme ouvert 446 . L’objectif assigné aux dominicains est « de faciliter le rapprochement et la compréhension mutuelle en vue de préparer le temps marqué par la Providence pour les missions futures » 447 . Il est à noter dans ce passage comment la vocation scientifique de la maison du Caire voulu par Chenu et Jaussen est soutenue, tout comme le désir manifeste des dominicains de ne pas participer à un apostolat immédiat auprès des musulmans. Perbal ménage leur sensibilité particulière d’approcher les musulmans. D’autre part, la citation précédente est un véritable écho aux techniques de Marchal. Nous sommes loin des idées d’un Nouet exprimées précédemment : il est nulle part question de parler de christianisme et encore moins du Christ.

Pour les jésuites le discours est différent car en 1938 les pères spécialisés dans l’apostolat en terre d’islam se sont réunis pour définir et arrêter une tactique commune 448 . Perbal sait qu’il s’adresse à des hommes de terrain qui pratiquent déjà l’apostolat auprès des musulmans avec certains résultats et entendent poursuivre dans cette voie. Il leur est demandé de fonder une école de formation pour l’apostolat qui pourrait, le cas échéant, être fréquentée par d’autres missionnaires 449 .

En ce qui concerne les deux autres congrégations, le discours est moins spécifique et c’est vers une lettre type que semble s’orienter Perbal. L’attention particulière portée aux missionnaires d’Afrique, aux dominicains et aux jésuites, est révélateur de leur rôle fondamental dans le dispositif qui se met en place. Pour les autres groupes Perbal insiste particulièrement sur la nécessité d’opérer un rapprochement afin de « faire tomber les préjudices mahométans et mettre leurs âmes en contact, plus ou moins à leur insu, avec les valeurs spirituelles du christianisme... » 450 . Il ne s’agit pas de pratiquer un apostolat direct, mais, pour reprendre une terminologie lavigérienne, de préparer le terrain. Cette démarche se justifie par les échecs rencontrés jusque là tant par l’apostolat direct que par l’œuvre de charité 451 . Perbal demande de fonder, en fonction de leurs possibilités, un centre d’études spécialisées 452 . Sa requête relève néanmoins de la rhétorique, car il semble peu probable que ces organisations missionnaires se sentent impliquées à un tel degré dans cette orientation. Les seuls réellement concernés sont les jésuites, les dominicains et les pères blancs. De plus, les centres d’études existants ou en projet sont en nombre suffisant pour pallier à la formation des missionnaires destinés au monde musulman. En effet, le nombre de pères blancs présents en Algérie et en Tunisie 453 , peut laisser supposer une plus faible proportion dans les autres congrégations non destinées à cette vocation.

Une lettre type est ensuite envoyée de manière systématique aux congrégations missionnaires.

Un certain nombre de réponses sont disponibles dont celle faite par le général des dominicains 454 qui assure le cardinal Tisserant de sa volonté de fonder une école dans le but de former et non pas de pratiquer un apostolat direct, qui est relégué dans un futur mal défini. La réponse des petites sœurs de l’Assomption de Tunisie a retenu notre attention car elle s’inscrit dans un courant qui, après la seconde guerre mondiale, devient progressivement majoritaire au sein des missionnaires catholiques en pays de mission : « Les Petites Sœurs n’ont jamais songé à convertir actuellement les Musulmans. D’autre part, elles ont conscience que certains d’entre eux, bons et droits, appartiennent, probablement, à l’âme de l’Église. » 455 Un très grand nombre de congrégations et d’ordres ont été contactés et certains se demandent pourquoi ils l’ont été dans la mesure où peu de musulmans se trouvent sur leur territoire comme c’est le cas pour la congrégation du Cœur Immaculé de Marie au Congo belge 456 . Dans l’ensemble les congrégations se sentent honorées et s’engagent à suivre les indications de la congrégation pour l’Église Orientale.

La diffusion de l’information se fait tout azimut alors qu’elle ne concerne réellement que peu de congrégations. Toutefois la propagation de l’information doit se faire en toute discrétion, notamment en ce qui concerne un des volets du projet pour lequel nous disposons de fort peu d’information, le comité d’études islamiques. Nous n’avons pu trouver que les premiers rapports qui datent d’une période où le cardinal Tisserant ne s’intéressait pas à la question, puis dès qu’il s’en préoccupe nous n’avons plus aucun document si ce n’est cette allusion dans une lettre de Perbal : « le cardinal Tisserant exige le silence le plus absolu sur l’existence et les travaux du comité d’Études islamiques. On ne doit même pas savoir s’il y en a un. C’est dire si nous devons opérer tout à fait dans l’ombre. » 457 .

Après ce premier contact d’information générale, la congrégation pour l’Église Orientale, en accord avec la Propagande, fait parvenir un questionnaire afin « d’étudier le moyen de rendre plus harmonique l’œuvre déployée par les missions catholiques chez les Musulmans » 458 . Ce questionnaire comporte 15 questions subdivisées pour certaines en deux sous-parties 459 . Les thèmes abordés concernent d’une part des demandes sur les techniques d’apostolat auprès des musulmans, les problèmes rencontrés et les moyens pour y remédier. D’autre part, le questionnaire cherche des renseignements sur les populations à convertir afin de mieux les cerner.

Cependant la situation internationale a évolué et des congrégations comme celle des pères blancs n’ont pu répondre aux questions 460 . Nous n’avons pas trouvé d’autre réponse et le dernier document sur cette question date de 1940 461 . Combien de temps le comité a-t-il encore fonctionné ? Quelles sont les décisions qui ont été prises ?

La seconde guerre mondiale marque un coup d’arrêt à ces projets et l’après-guerre n’est guère propice à l’évangélisation des musulmans.

Nous pouvons à partir de la documentation en notre possession présenter une ébauche du comité temporaire d’études islamiques. Il est à la base de l’action de Tisserant. c’est le compte rendu de la réunion du 24 juin 1938, probablement un peu modifié, qui constitue le corps du rapport remis par Perbal au cardinal. Nous savons qu’en mai 1938, quatre ou cinq réunions ont déjà eu lieu 462 . Or, le premier document en notre possession est daté du 11.04.1938, le second du 20.04.1938, le troisième du 24.06.1938 et le dernier du 12.01.1939 463 . Nous ne disposons que de deux des quatre ou cinq séances qui ont eu lieu. Deux hypothèses peuvent expliquer ce vide : soit les documents n’intéressant pas les pères blancs ne leur ont pas été adressés mais existent et peuvent se trouver dans les archives des jésuites de Beyrouth ou de Rome car de Bonneville joue un rôle de première importance, soit les procès-verbaux des premières séances n’ont jamais été rédigés car il s’agissait de réunions informelles. Ces documents ont tous été trouvé aux archives des pères blancs 464 . nous allons, plutôt que d’en faire une analyse synthétique, les présenter tous les trois pour bien mettre en évidence les évolutions.

Le compte rendu de la séance du 11 avril commence par « un essai de répartition des Musulmans dans le monde » dressé par de Bonneville à partir de différentes sources 465 dans lequel il précise le nombre de musulmans par territoires et les congrégations religieuses qui y sont présentes. Ce travail, le jésuite l’a déjà fait pour la Compagnie dans le cadre de la grande mobilisation pour l’apostolat auprès des musulmans décrétée par le père général. Ce tableau présente quelques particularités comme celle de ne mentionner que les franciscains et les Missions africaines de Lyon pour l’Égypte, sans faire état de la présence des jésuites ou encore des comboniens. Toutes les parties du monde sont représentées même celles où la présence des musulmans est minoritaire comme la Réunion (3500) ou les Seychelles (3000). Si l’Europe de l’Est est mentionnée aucun chiffre n’est donné pour l’Europe occidentale, notamment la France où se trouvent des travailleurs nord-africains. Avec un désir évident de scientificité, les sources sont indiquées en face de chaque chiffre et différentes sources sont confrontées, ce qui permet de mettre en évidence des écarts qui parfois sont loin d’être insignifiants. Ce souci témoigne de la volonté de rationaliser le travail de formation des missionnaires et de ne plus faire dans l’empirique. À partir de ces données une typologie des régions musulmanes est établie dans un document qui a pour titre « Recherches islamiques ». Cinq catégories de territoires sont repérées :

les régions où aucun missionnaire n’a pu pénétrer ou demeurer ;

les régions où les missionnaires ne s’occupent que des uniates, donc où l’action auprès des musulmans est quasi nulle ;

les zones où musulmans et missionnaires sont en concurrence directe, les relations sont tendues et peu propices à l’apostolat ;

les régions où tout prosélytisme est prohibé ;

les régions de conversions.

deux cas de figures en découlent, les missionnaires sont soit actifs, soit inactifs (par nécessité, par indisponibilité, par absence).

Une fois ce constat établi, les conséquences apparaissent. Il faut éviter toute action missionnaire précoce, dispersée et publique. A contrario, il faut une action commune mais dans le même temps non uniforme car les situations ne sont pas toutes identiques et le texte d’ajouter : « opportunité plutôt d’une pénétration, d’un rapprochement universel et efforts en vue d’une compréhension réciproque » (sic). L’importance que révèle cette notion de compréhension réciproque est fondamentale car elle se trouve à la base même du dialogue. Cette volonté expresse de comprendre et non pas de juger est en rupture avec la démarche missionnaire catholique la plus répandue. Nous avons là un exemple de rupture d’une apologétique pluriséculaire. L’influence des jésuites est celle qui prédomine et non celle plus fermée encore des pères blancs.

Le texte aborde ensuite les obstacles et leurs causes : « aversion historique : pour nous l’islam est l’ennemi séculaire de la chrétienté ; pour les musulmans l’esprit des croisades est demeuré vivant chez nous. Ignorance mutuelle (sic) ». Là encore les arguments mis en avant marquent un tournant. Jusque là on incriminait soit l’islam, soit la préparation des missionnaires. Pour la première fois nous avons une vision plus large, qui veut trouver des réponses profondes, structurelles et qui se teinte d’autocritique. De plus, il y a le désir de se placer du point de vue du musulman, à partir de ce que l’on croit être sa conception, et d’essayer de s’adapter. Certes, l’analyse qui est proposée des croisades doit être nuancée dans la réalité car il s’agit d’un concept récent pour les musulmans qui, jusqu’au XVIème siècle, n’y ont vu aucune dimension religieuse. C’est par les chrétiens d’Orient que leur est parvenue cette notion 466 mais elle ne fait fortune qu’à partir de la fin du XIXème siècle et surtout dans l’entre-deux-guerres. Les missionnaires sont alors assimilés aux croisés dans la presse musulmane sur laquelle nous reviendrons. Les costume des enfants lors du Congrès eucharistique de Carthage de 1930 à l’imitation des tuniques des croisés n’ont fait que renforcer cette impression 467 . N’y a-t-on pas parlé de croisade eucharistique 468  ? L’apologétique musulmane s’est donc appropriée cette thématique et l’exploite. En revanche, nous ne pensons pas que dans les représentations du peuple les croisés aient une quelconque signification.

Les auteurs du document analysent ensuite les solutions pratiques pour préparer les missionnaires. Le travail auprès des jeunes des instituts dans le but de modeler leur esprit vers des dispositions positives à l’encontre des musulmans et « provoquer une certaine “union entre Musulmans et Chrétiens” ». Il faut aussi renoncer aux conversions isolées et préparer le milieu. Pour ce point de la préparation du milieu, c’est à Marchal des pères blancs qu’il est fait implicitement référence. Cela suppose entre autre l’exemple du recours à la vie contemplative. Les rédacteurs du texte insistent particulièrement sur le caractère universel du christianisme qui ne doit ni être européen, ni occidental, ni colonial. Nous avons là une référence directe à l’encyclique de Benoît XV sur le nationalisme (Maximum illud, 1919). Le cadre doit être conservé pour ne pas donner l’impression d’avoir renoncé à quelque chose. indirectement, le thème de la conservation de certaines coutumes est posé. En général, il est conseillé de les maintenir si elles ne sont pas en désaccord avec la morale. Cette insistance sur le cadre social suppose donc un statut particulier pour la langue arabe : doit-on créer un rite arabe, faire des prières en arabe ?

Les élites doivent être visées d’où la nécessité d’une solide formation théorique. l’action sur les masses doit être continuée par les œuvres sociales et charitables. Ce dernier point se retrouve dans toutes les méthodes d’apostolat.

La fin du document porte sur le travail préparatoire pour la prochaine rencontre, prévue le 20 avril. Il est demandé de réfléchir à ce qui vient d’être dit et plus particulièrement au versant de la formation scientifique et à sa réalisation matérielle par un système d’instituts dont il faudra envisager les modalités.

La séance du 20 avril commence par un échange d’opinions. L’aspect social de l’islam semble être un handicap car il pose problème pour les convertis. L’idée de Lavigerie d’éviter les conversions individuelles est reprise. des espoirs semblent naître du côté de la laïcité turque et de l’évolution vers des états musulmans modernes. La modernité doit être dans ce cas entendue comme la séparation entre le politique et le spirituel et la reconnaissance de la liberté de conscience, pour rendre possible l’adhésion à une autre religion.

La troisième remarque est très novatrice « Il a été noté ensuite que l’on trouverait davantage à favoriser l’évolution interne de l’Islam dans le sens religieux ». Cette option est en opposition avec les plus conservateurs des missionnaires qui ne peuvent songer à bonifier ce qui par essence ne contient rien de bon. Cependant il ne faut pas faire d’anachronisme il ne s’agit pas de faire découvrir leur foi mais de donner à cette foi musulmane une âme, comme on peut le voir dans l’article de A. Perbal étudié plus bas. Cette évolution dans le sens religieux est rendue possible par leur désir de promouvoir ce qui rapproche et de s’adapter aux pratiques des peuples rencontrés. ainsi, il est rappelé que les arabes sont connus pour leur sensibilité au discours parabolique. Doit-on y voir une influence directe des méthodes des jésuites ? Cela est fort probable. Le message central est celui de l’indispensable formation des jeunes missionnaires, de l’élite et du peuple catholiques afin qu’ils voient l’islam et les musulmans sous un jour nouveau. D’où l’importance particulière que revêt la diffusion de la mystique et de l’ascétisme musulmans. Il est vrai que l’on doit à Massignon d’avoir rendu familier ce thème avec « son » —all…‰. les travaux d’Asìn Palacios y ont aussi largement contribué 469 . Le terrain semble être propice aux rapprochements, mais il reste aussi très complexe. Il est rappelé en conclusion que le musulman est bien plus proche du chrétien que le païen 470 . Cette réflexion permet d’avoir une première idée de l’anthropologie religieuse dans les milieux romains ainsi que de l’évolution de la missiologie.

Le texte du 24 juin est de loin le plus intéressant car il est à la base des décisions prises par le cardinal Tisserant. La présentation en est d’ailleurs plus officielle : « Le Comité temporaire d’études sur les besoins de l’apostolat en terre d’Islam, constitué par initiative privée, mais avec l’approbation et l’encouragement de la Sacrée Congrégation de la Propagande, puis avec le Motu Proprio “Sancta Dei Ecclesia”, de la Sacrée Congrégation pour l’Église Orientale [...] ». De même, à la fin, il est rappelé que ces textes ont été élaborés lors de la séance du 24 juin par tous les membres mais que des modifications peuvent intervenir en vue d’une formule définitive : « ils doivent l’être [remaniés] avant d’être présentés à l’autorité compétente », soit la Congrégation pour l’Église Orientale. Le texte est mieux structuré mais reprend dans ses grandes lignes les textes précédents. L’influence toutefois de Perbal et de Bonneville est très marquée. Comme toujours, la présentation commence par un état des lieux sur les difficultés et les opportunités qu’offre l’islam :

  • les influences venues de l’extérieur tels le protestantisme anglais et américain et la franc-maçonnerie. Il s’agit, pour la première d’une réflexion courante chez les missionnaires mais qui dans l’entre-deux-guerres est en perte de pouvoir d’attraction. Quant à la seconde, elle n’est, selon nous, que le reflet d’une obsession qui n’a de sens que pour l’Europe mais qui a peu d’impact en terres d’islam.
  • le « djihad non militaire ». Font-ils références aux Frères Musulmans ? De Bonneville connaît, il est vrai, très bien l’Égypte, mais il s’agit peut-être de faire appel à une terminologie extrême pour décrire le réveil des mouvements nationalistes.
  • une possible évolution vers une séparation entre les pouvoirs.
  • le dévouement de deux hommes qui est à mettre au crédit des opportunités. Ces deux hommes sont Charles de Foucauld et Louis Massignon. Ces références traduisent d’une part la filiation spirituelle dans laquelle ils entendent se placer, dans la lignée de l’ermite du Hoggar et, d’autre part, l’option pour une école scientifique à laquelle ils souhaiteraient adhérer. Ces deux noms semblent être, une fois réunis, le modèle final vers lequel convergeraient les organisateurs du comité. Leur camp est choisi. c’est celui d’une nouvelle approche de l’islam qui laisse derrière elle les siècles de polémiques et d’apologétique. nous sommes encore dans la dynamique missionnaire de la conversion, mais le regard porté sur le musulman a mué. Cette mue permettra de préparer en temps voulu le passage au véritable dialogue.
  • « à cause enfin des études récentes sur la spiritualité et les valeurs religieuses de l’Islam » : il existe donc une spiritualité et des valeurs, c’est là tout le message de Massignon qui est assimilé.

dès la fin des années trente, existe donc à Rome, un noyau de philo-musulmans. certes, l’espoir de convertir reste encore le moteur de cette nouvelle orientation, mais cette nouvelle approche est révélatrice du changement.

Face à cette situation, les catholiques désireux d’un changement doivent être prêts. Tout d’abord en oubliant l’Occident, le patriotisme et l’européanisme, c’est là un des messages clé de l’Église depuis Benoît XV. Puis en faisant lever les interdictions sur la lecture du Qur’…n, des théologiens et philosophes musulmans pour ceux qui se prépareraient à ce type d’apostolat et pour les savants qu’il faut former dans ces disciplines, « à la condition, évidemment, qu’une immunisation appropriée leur soit assurée par une formation intellectuelle à la fois traditionnelle et renouvelée » 471 . Ce vocabulaire médical sera retrouvé.

De plus la démarche implique une adaptation de la liturgie et l’ascétique chrétienne afin que cette dernière corresponde aux critères culturels du monde arabe 472 . Il est de manière explicite affirmé que le référentiel dans l’islam est l’islam arabe. Il n’est à aucun moment fait cas de l’Asie.

Quant au versant sur les instituts de formation, il sera intégralement repris par la Congrégation pour l’Église Orientale comme nous l’avons vu plus haut.

Le dernier élément que nous souhaitons retenir de ce texte c’est l’insistance manifeste pour se rapprocher des musulmans et ménager leur susceptibilité. Il est recommandé de ne plus associer les musulmans aux païens ou aux idolâtres dans les prières ou encore publiquement. Le rôle imputé à la presse pour faire évoluer l’image est considérable car elle doit « s’appliquer avec ferveur au travail de rapprochement entre le catholicisme et l’islam » 473 . La voie est tracée qui permettra à l’Église catholique d’aborder avec un autre regard ceux qui, d’infidèles, deviendront avec Vatican II des non-chrétiens monothéistes. L’étape de ce comité est l’un des premiers pas décisifs dans cette évolution de la pensée envers les musulmans.

Il ne faudrait pas déduire de ces initiatives de l’année 1938 que rien n’existe à Rome pour la formation intellectuelle tant en missiologie qu’en islamologie. Les origines de ces deux disciplines sont à rechercher dès le XIXème siècle pour la première et depuis plus longtemps encore pour la seconde.

Notes
421.

C. Teisseyre, « Eugène Tisserant », Catholicisme, Hier aujourd’hui demain, Lethouzet et Ané, Paris, 1997, p. 5-8. Après des études au Grand séminaire de Nancy, E. Tisserant approfondit sa formation à l’École biblique de Jérusalem sous la direction de Lagrange, puis à l’Institut Catholique de Paris. Son orientation vers les langues sémitiques anciennes (hébreu, syriaque, arabe, etc.), mais aussi le copte, l’arménien et le russe, font de lui un des grands orientalistes de la période. Nommé professeur à l’Apollinaire, il devient aussi conservateur des manuscrits orientaux de la bibliothèque vaticane dont il est le Préfet entre 1930 et 1936, année de son élévation au cardinalat. Entre temps, en 1926 il est consultant de la Congrégation pour l’Église Orientale et en 1930 consultant de la section historique des rites. En décembre 1937, Pie XI le fait Cardinal Préfet ce qui lui permet de devenir Secrétaire de la Sacrée Congrégation pour l’Église Orientale.

422.

AGOMI, fonds Perbal, M « Institutum Missionale Scientificum » 1938 II, Me, 1379.38.

Cette abbaye est connue pour être un des foyer de l’activité missionnaire. À partir de 1922 son modeste bulletin devient le Bulletin des missions qui se donne pour tache de soutenir les grandes idées missionnaires.

423.

AGMAfr, Dos. 246/2, S.C. pour l’Église Orientale, lettre du cardinal Tisserant à ? du 27.05.1938. Nous avons aussi consultée la correspondance émise par la Propagande entre 1936 et 1947, ainsi que celle envoyée à la Propagande (Dos. 246/4), mais rien ne concerne notre sujet.

424.

ASCO. 314/38, Oriente Musulmani Proposto del P. Perbal (omi) d’istituzione di una commissione per gli studi islamici, séances du 11.4.1938, du 20.4.1938, du 24.6.1938, du 12.1.1939, extraits de lettres, ébauche de questionnaire.

425.

AGMAfr., Dos. 276/2, notes sur ma visite au cardinal Tisserant du 14.4.1939, Mgr Nouet.

Gustave Nouet (1878-1959), fait ses études en France et arrive déjà prêtre au noviciat de Sainte-Marie en 1902. À la fin de son noviciat il est envoyé au Sahara pour y faire son année de probation. Nommé à la mission de Ghardaïa et il sous l’autorité du préfet apostolique, le père Guérin (p. 12). À sa mort en 1910, Nouet est désigné pour remplir les fonctions d’administrateur apostolique jusqu’à la désignation du nouveau préfet. En 1912, Nouet est nommé supérieur à Saint-Cyprien. En avril 1919, il est nommé préfet apostolique du Sahara (p. 13) où il reste jusqu’en 1940. À son arrivée il y a deux postes, Ouargla et Ghardaïa, il en fonde 8 autres : El Goléa, Ain-Sefra, Géryville, Laghouat, Djelfa, Touggourt et Biskra (p. 14). Il a aussi jouer un rôle dans la fondation des petits frères et des petites sœurs de Jésus et il devient l’ordinaire-fondateur de la congrégation (p. 16).

426.

AGMAfr., Dos. 276/2, notes sur ma visite au cardinal Tisserant du 14.4.1939, Mgr Nouet. Ce dernier n’hésite pas à conclure : « Levé et prêt à partir, le Cardinal m’a dit : Je vous approuve en tout et d’ailleurs vous êtes maître chez vous et personne ne doit vous imposer des règles de Mission ».

427.

AGMAfr., Dos. 246/2, lettre du P. Marchal au cardinal Tisserant du 20 mai 1939 où il le remercie pour son soutien dans la décision de la S.C. de Propaganda Fide d’avoir inscrit l’ibla au rôle de ses allocations annuelles.

428.

AGMAfr., Dos. 246/2, lettre du conseil de la société en l’absence du supérieure général, Mgr Birraux, au cardinal Tisserant du 10.8.1939.

429.

ASCO 314/38 Oriente musulmani proposto del P. Perbal..., lettre du cardinal préfet de la Propagande au cardinal Tisserant du 30.6.1938, et réponse de ce dernier du 5.7.1938.

430.

Ibid.

431.

ASCO 314/38, Oriente musulmani..., document sans date mais que nous pouvons sans risque dater de juillet-août 1938, documents supplémentaires sur la question de l’islam (extraits des lettres reçues en réponse à la demande de consultation sur les « conclusions »).

432.

Mgr Mulla est depuis 1924 en charge de cours sur l’islam au pio (voir les Acta Pontificii Instituti Biblici et Orientalis sur toute notre période d’étude).

433.

AGOMI, fonds Perbal, J « Pontificium Opus a Propagatione Fidei 1930-1939 », Je. 1760/39 lettre du P. Perbal à ? du 13.10.1939.

C’est au deuxième semestre de 1938 que Perbal en est chargé et son premier rapport a dû être rendu début 1939, AGOMI, fonds Perbal M « Institutum Missionale Scientificum » 1938 II Me 1806/38, lettre du 11.11.38 du P. Perbal au R.P. Dom Gillès de Pélichy.

434.

Ibid.

435.

AGOMI, fonds Perbal, M « Institutum Missionale Scientificum » 1939 II, lettre du P. Perbal à Mr Pozzoz du 31.10.39.

436.

La première faculté de missiologie d’une université pontificale est fondée à la Grégorienne, en 1932.

437.

Il s’agit de l’Institut Missionnaire Scientifique où Perbal enseigne.

438.

AGOMI, fonds Perbal, M « Institutum Missionale Scientificum » 1939 II, lettre du P. Perbal à Mr Pozzoz du 31.10.39.

439.

Une étude des milieux estudiantins romains pourrait nous renseigner davantage sur la politique de formation de l’élite catholique religieuse.

440.

ASCO 192/39 Oriente musulmani preparazione dei missionari all’apostolato per i musulmani.

441.

Ibid.

442.

Ibid.

443.

Ibid.

444.

Ibid.

445.

AGMAfr., Dos. 276/III/3, lettre du 25.3.39.

446.

ASCO 192/39 Oriente musulmani preparazione dei missionari all’apostolato per i musulmani.

447.

Ibid.

448.

Ibid. ACSF, dossier missio islamica.

449.

ASCO 192/39 Oriente musulmani preparazione dei missionari all’apostolato per i musulmani.

450.

Ibid.

451.

Ibid.

452.

Ibid.

453.

Chiffres de 1931 ; voir p. 260 (deuxième partie).

454.

ASCO 192/39 Oriente musulmani preparazione dei missionari all’apostolato per i musulmani.

455.

Ibid., lettre du 23.10.39.

456.

ASCO 192/39 Oriente musulmani preparazione dei missionari all’apostolato per i musulmani.

457.

AGOMI, M « Institutum Missionale Scientificum » 1940 I, lettre du P. Perbal à l’abbé de Moor du 16.3.40.

458.

AGMAfr., Dos. 246/2, lettre numéro 191/39 de l’Église Orientale au supérieur de la mission de Kabylie, le P. Landru, du 20.12.39.

459.

AGMAfr., H62/5.

460.

AGMAfr., Dos. 246/2 : S.C. pour l’Église Orientale, réponse à la lettre du 20.12.39 , lettre du 29.12.39 du P. Jenland au P. Constantin.

461.

AGOMI, M « Institutum Missionale Scientificum » 1940 I, lettre du P. Perbal à l’abbé de Moor du 16.3.40.

462.

AGMAfr, Dos. 246/2, S.C. pour l’Église Orientale, lettre du cardinal Tisserant à ? du 27.05.1938.

463.

Tous ces documents sont disponibles aux archives de la maison généralice des pères blancs à Rome sous la côte Dos. 276/II/2.

464.

dans la mesure où ils émanent d’un organisme qui pour l’instant ne tient pas à les rendre publiques, nous nous sommes engagée auprès de l’archiviste, le père Ivan Page à ne pas les publier.

465.

« L’Annuaire du Monde Musulman (Massignon), le Testo-Atlante illustrato delle Missioni (Fides), le Calendario-Atlante de Agostini 1938, le livre de Arthur Pellegrin, L’Islam dans le monde, (Payot, 1937), les études de Alfred Corman (Bulletin de l’umc belge, 1936-37). »

466.

C. CAHEN, art. cit..

467.

pour le congrès eucharistique de Carthage de 1930, on se reportera à l’article de P. Soumille, « La représentation de l’islam chez les chrétiens de Tunisie pendant le protectorat français (1881-1956) et après l’indépendance », in F. Jacquin, J.-F. Zorn (éd.), L’altérité religieuse. Un défi pour la mission chrétienne XVIII ème -XX ème siècles, Actes du colloque de Torrepellice AFOM - CREDIC, septembre 1999, Paris, Khartala, 2001, p. 105-108.

Des actes et deux recueils de photographies sont édités ; nous citons les références d’après l’article de P. Soumille : Carthage 1930-Actes et Documents, Tunis, Imp. Weber, 1931, 551p., 63 illustr. ; XXXe Congrès Eucharistique International de Carthage, Tunis, V. Brami éditeur, s.d. ; Mémorial du XXXe Congrès Eucharistique International (Carthage 7-11 mai 1930), Tunis, Saliba, juillet 1930, 26 planches photographiques.

Cf. également M. Lelong, La rencontre entre l’Église catholique et l’Islam en Tunisie de 1930 à 1968, Tunis, thèse, n.p. ; le chapitre II s’intitule « Le Congrès Eucharistique de Carthage 7-11 mai 1930 » (p. 32-70). L’auteur analyse en particulier l’impact du congrès dans la presse tunisienne musulmane arabophone et francophone. Certaines des analyses de Lelong doivent être replacer dans le contexte de la rédaction de sa thèse (la fin des années 1960, période du mea culpa colonial pour certains) et de son engagement en faveur du dialogue. C’est le cas quand il s’interroge sur les motivations qui ont conduit à retenir Carthage comme lieu du congrès alors qu’il s’agit d’une terre musulmane. Or, du point de vue des européens de la période, la Tunisie est une possession française et il est difficile d’échapper au contexte culturel général qui est celui de l’apogée du système colonial.

468.

Ce vocabulaire pratiqué en France est transposé en Tunisie.

469.

Voir deuxième partie.

470.

Il défend cette position face à Marchal, AGMAfr, Dos. 276/III lettre de Perbal à Marchal du 13.06.1938 : « Il est hors de doute qu’ils sont théologiquement “infidèles”, mais on pourrait se demander s’il est habile de les caser ainsi avec les fétichistes et autres tenants des religions assez grossières que l’on trouve en Afrique. Il semble, et Mgr Mulla, turc converti, comme le R.P. de Bonneville, qui a passé toute sa vie en Syrie, qu’il y ait lieu de les cataloguer à part, avec une certaine délicatesse et même avec quelque respect. C’est tout ce que nous nous permettons de demander. Discuter la chose théologiquement, c’est inutile : nous sommes tous du même avis. Autre chose est la question de tactique. Si nous voulons opérer un rapprochement qui facilite les contacts et par conséquent une compréhension mutuelle meilleure, il faut commencer par des procédés de sympathie, qui adoucissent les rapports et non par des exposés rigides qui les placent, eux si sensibles, pêle-mêle ou presque, avec des gens qu’ils méprisent encore plus qu’ils ne nous méprisent nous même. ». Il confirme sa position dans une autre lettre à Marchal du 24.08.1938, AGMAfr, Dos. 276 II, où il conteste le fait d’assimiler « des masses d’hommes qui adorent le Dieu unique et d’autres qui se prosternent devant de grossiers fétiches et d’utiliser indistinctement pour les uns et pour les autres le mot de “ténèbres” ».

471.

AGMAfr., Dos. 276/II/2, séance du 24 juin 1938.

472.

Les membres du comité pensent que les musulmans sont heurtés par les aspects visibles de l’ascétique chrétienne et qu’il convient de ne pas les mettre trop en avant.

473.

Le 5 février 1939, L’Osservatore Romano fait paraître un article dans ce sens, « La Chiesa Cattolica e l’islamismo », signé par Mgr Dino Staffa.