b. La morale islamique

Cette question de la morale musulmane est récurrente à toute réflexion missionnaire. Il n’est pas un seul missionnaire en terre d’islam qui ne se plaigne du peu de moralité qu’il rencontre chez les populations locales. Elle explique en partie les difficultés des conversions car elle est considérée comme un obstacle à la pénétration du christianisme. L’immoralité des musulmans semble, dans les écrits catholiques, ancestrale.

Les fondements de la morale sont à rechercher, d’après les missionnaires, dans le Qur’…n et le —ad€ミ mais aussi, nous l’avons vu, dans la personnalité du prophète car ils considèrent que son exemple influence considérablement les fidèles.

La morale a des conséquences importantes sur les plans économique, social et religieux. Les écrits catholiques opèrent la distinction entre morales privée et publique. Cette dernière est irréprochable : bonne tenue, réserve, pudeur... Cependant, pour la majorité des missionnaires, il s’agit d’une façade qui laisse dans la sphère privée la porte ouverte à des pratiques blâmables. Toutefois d’autres chrétiens pensent à une collaboration avec les musulmans pour faire face aux problèmes de moralité publique. Nous retrouvons cette attitude chez les Frères de la pureté dont un membre propose, après la seconde guerre mondiale, une union. Il faut alors faire face au communisme 839 , à l’athéisme autant qu’à l’évolution des mœurs publiques, sujets où les préoccupations des chrétiens et des musulmans se rejoignent 840 .

Notes
839.

Les préoccupations concernant le communisme se retrouvent dès les années 1930 comme en atteste un article publié dans l a Civiltà Cattolica dont des extraits sont publiés dans le numéro de novembre-décembre 1934 dans eti , p. 431sq : « Il nous semble qu’un certain rapprochement est en train de s’opérer entre les hautes sphères du monde catholique et celles de l’Islam. Un terrible fléau, en effet le bolchevisme soviétique, qui tente de se déverser sur L’Europe et l’Asie, semble près de devenir le châtiment envoyé par Dieu contre l’athéisme laïc des nations modernes ; l’Islam est menacé de ce péril aussi bien que le Christianisme, et il sent que son plus fort allié contre cet ennemi envahissant, c’est encore l’Église catholique. »

À quel rapprochement est-il fait mention ? Nous ne le savons pas.

Les années trente sont la période où une élite arabe est en train de se former aux idées socialistes et tente d’appliquer dans la politique intérieure des mesures sociales et économiques.

840.

Cf. J. Glaser, « Pour la moralité publique collaboration entre chrétiens et musulmans », eti novembre-décembre 1936, p. 388-393.