C. Mystiques ou mystificateurs ?

a. Quand l’altérité devient miroir

Problème de définition

mystique naturelle, mystique surnaturelle, quelle définition de la mystique a été donnée ? dans un premier temps la mystique qualifiée par la suite de naturelle n’est pas prise en considération comme en témoigne l’évolution sémantique dans la pensée d’un homme comme Maritain. Donc à la base se pose un problème interne au catholicisme et un problème qui au delà de la terminologie laisse percevoir des problèmes profonds, des inquiétudes, un catholicisme replié sur lui même. Le débat débute dans les années 1920 1015 et se continue dans les années 1930. À partir de cette décennie, se développent les études sur les mystiques d’autres univers religieux. c’est dans ce contexte qu’il faut replacer la réflexion sur la mystique musulmane : elle n’est pas isolée et doit être appréhendée et comprise dans le vaste mouvement de réflexion du catholicisme sur les autres religions. Certes, chez les acteurs que nous avons retenus, ce contexte est oublié et la problématique se concentre uniquement sur l’islam.

La deuxième grande interrogation, outre ce problème de terminologie, est celui de savoir s’il existe une mystique hors de l’Église. Les réponses sont binaires mais partent de la même structure théologique, du même appareil dogmatique qui ne peut exclure cette possibilité au niveau théorique. Seules les interprétations divergent : pour les uns la difficulté d’une véritable mystique est telle qu’elle est d’autant plus difficile à réaliser hors de l’Église ; pour les autres la difficulté est réelle mais rien n’exclut, a priori, sa réalisation. Derrière la première affirmation se cache l’inquiétude du relativisme religieux, derrière la seconde la stabilité et la force d’un catholicisme qui ne redoute pas de se lancer dans un tel débat.

Notes
1015.

Dans la période l’une des grandes études reste J. MARÉCHAL, Étude sur la psychologie des mystiques, 2 t., Bruxelles – Paris, Universelle, Desclée de Brouwer,1938 (t. 1), 1937 (t. 2) (1ère éd.1924). Cf. aussi M. BLONDEL, « Le problème de la mystique », Cahiers de La Nouvelle Journée 1929, p. 2-63.