Chapitre II : Le renouveau de la mission ? Ou un renouveau pour la mission

Avec ce chapitre sur la mission nous abordons la manifestation la plus visible de la rencontre entre les deux catégories d’acteurs retenus pour cette étude. La mission n’est pas apparue au sein du catholicisme au XXème siècle et l’islam n’est pas une préoccupation centrale jusqu’alors du prosélytisme catholique.

En effet, le fondement théologique de la mission est généralement attribué à Matthieu 28, 19 : « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » et dans cette optique saint Paul est assimilé au premier grand missionnaire de l’histoire du christianisme. C’est à partir de cette invitation et du modèle paulinien que le christianisme s’est diffusé dans tout le bassin méditerranéen.

Avec l’apparition de l’islam, les conditions d’expansion et de maintien du christianisme dans certaines zones se posent dans une nouvelle perspective. Il faut dans un premier temps lutter contre celui qui apparaît comme un envahisseur et tenter dans un second temps de le convertir. Si la première option n’est plus à démontrer, la seconde est plus difficile à établir de manière formelle. Dans la littérature missionnaire une chaîne ininterrompue de travailleurs apostoliques existe. Elle débute généralement avec François d’Assise 1110 et à sa suite ses disciples, qui tentent de convertir les musulmans. Les dominicains ne tardent pas à participer à la mission tout comme les jésuites à partir du XVIème siècle. Tous les discours missionnaires sur l’apostolat auprès des musulmans ne manquent pas de citer ces trois congrégations comme des illustres prédécesseurs. Par la contemplation, par la parole, par les armes, mais aussi par la charité et le dévouement, l’apostolat de l’Église auprès des musulmans, s’inscrit pour les missionnaires du XXème siècle dans le prolongement d’une histoire vieille de quatorze siècles 1111 .

Les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances, ce qui n’a pas découragé les catholiques si on place dans cette optique la fondation des pères blancs au XIXème siècle. Cette création constitue le dernier épisode notable dans la mission apostolique auprès des musulmans avant l’entre-deux-guerres, que nous développons dans ce chapitre.

Il faut savoir que dans l’optique missionnaire, la connaissance de l’islam a pour finalité de servir à la mission. L’acquisition de savoir sur le monde musulman n’est que l’étape préalable pour concevoir une stratégie et la mettre en pratique. Tous les discours partent du même constat mais proposent différentes options pour y répondre.

Notes
1110.

Les actions épistolaires de personnages œuvrant isolément comme Jean Damascène, Pierre de Cluny, Grégoire VII ou encore Denys le Chartreux, sont aussi mentionnées.

1111.

La presse catholique développe ces thématiques dans de nombreux articles, entre autres : A. LE GENISSEL, « L’apostolat de l’Église en Terre d’Islam », eti décembre 1929, p. 326-335 et janvier 1930, p. 10-21 ; dans la revue Connaître no 1 de décembre 1929, se trouve un article de quatre pages, non signé, qui retrace l’historique et les conditions de l’apostolat auprès des musulmans.