B. Le réformiste devant le défi chrétien

il se propose de répondre aux questions qui lui ont été posées sur des aspects dogmatiques du christianisme. Nous avons recensé dans la revue entre 1920 et 1935 les principaux articles sur le christianisme et repéré les problématiques sur le christianisme qui peuvent être d’ordre dogmatique (ou religieux) ou pragmatique (relations concrètes). Pour les questions de dogme, tout part de Jésus : ces questions sont parmi celles qui reviennent le plus souvent dans les interrogations des musulmans. Jésus, nous le verrons dans le prochain paragraphe, est le point d’achoppement par excellence entre les deux religions car elles en ont toutes deux des visions bien déterminées qui sont loin de se recouvrir.

Sur le plan formel, les réponses de Raš€d Ri£… se font souvent par des fatw…-s. Ceux sont des consultations juridiques qui ont la particularité, entre autres, de ne pas être des traités de doctrine abstraite mais de constituer la réponse à une question précise. Les fatw…-s sont l’interface entre les préoccupations quotidiennes des musulmans et les réponses que les savants formulent à ces interrogations. On parle strictement de fatw… quand la réponse amène à une réflexion et non pas seulement à la transmission d’opinions déjà émises, en d’autres termes quand il est fait preuve d’i‰tih…d, qui est l’effort du docteur qualifié qui cherche, en principe, à partir du Qur’…n et de la sunna, le statut légal (Ÿukm) d’un acte humain donné. Il faut savoir que tout musulman peut émettre une fatw…, dans la mesure où il représente une autorité au regard de la personne qui le sollicite. Précisons toutefois que cette opinion ne fait pas l’unanimité, certains revendiquent la nécessité pour le muft€ d’être instruit sur ces questions. Avec le recours à la fatw…, nous touchons un des centres de la production d’autorité dans le monde musulman, qui repose en partie sur le fait d’être connu et surtout reconnu comme source d’autorité.