A. Qui sont-ils, comment fonctionnent-ils ?

a. Présentation des Frères de la pureté historique

Pendant de la deuxième rencontre, le 8.02.1941, les problèmes relatifs aux statuts de l’association se sont posés. Kam…l Q…’id y est chargé d’élaborer les statuts. Durant cette séance, des décisions sur l’organisation du groupe sont prises, comme celle sur les aspects financiers qui prévoie que le versement des cotisations sera mensuel. Ils décident aussi d’introduire une distinction entre les militants et les sympathisants.

À la troisième rencontre, le 12.02.1941, l’association prend acte de son orientation apolitique. Les grands organes que constituent la présidence et le secrétariat sont mis en place. Les modalités d’admission sont fixées, mais ce ne sont pas celles que les statuts officiels retiendront probablement à cause de leur caractère restrictif : le candidat devait être soutenu par deux membres du conseil d’administration. Une autre mesure, qui ne verra jamais le jour, est prise dès la quatrième rencontre et concerne la publication des conférences. Cette idée revient souvent par la suite et il est même question d’un manuscrit regroupant les différentes conférences, mais nous ne l’avons pas trouvé.

À l’été 1941, aucun nom n’est encore fixé pour l’association. Les choses se précisent quand le 27 septembre 1941 Raoul Kahil fait une série de propositions sur l’orientation à donner à l’association. Il souhaiterait limiter les recherches au cadre religieux. D’autre part, il déplore que beaucoup de membres aient quitté le groupe sans en donner les raisons. Il suppose que cela est la conséquence des difficultés d’admission et propose d’être plus complaisant. Dans le même temps, il suggère de limiter les rencontres aux seuls membres. Les confrères optent pour un système d’admission sur proposition de deux membres. Les séances sont programmées en trois groupes : les séances normales, fermées et ouvertes. Dans la pratique nous ne trouvons pas ce type de mention dans les procès-verbaux. Les séances « techniques » telles que celles où ont lieu les élections du conseil d’administration, sont, de facto, limitées aux seuls membres, mais pour les autres nous n’avons rien noté de particulier. Cependant, ils décident que toute invitation devra être au préalable approuvée par le conseil d’administration. Le groupe semble hésiter entre une ouverture vers le public et un recentrage sur un noyau dur réellement animé par le même esprit. Ces divisions sur l’orientation à donner sont présentes dès la première année mais n’entament en rien la cohésion des confrères.

La première élection du conseil d’administration se déroule le 27.09.1941 lors de la 18ème rencontre. Le résultat témoigne d’un réel équilibre implicite dans le vote. Alors qu’aucune règle ne prévoie de représentation de type proportionnelle par confession, le père Ayrout et le šay¢ MuŸammad YŽsuf MŽs… totalisent le même nombre de voix. Les trois sièges restant se répartissent entre deux chrétiens et un musulman. Il ne semble pas que le critère confessionnel ait guidé les choix, preuve, s’il en est, de l’adhésion sincère à l’esprit du groupe.

La désignation du trésorier qui intervient le 1.11.1941, n’est pas celle qui sera retenue ultérieurement car M. Qass€s est choisi sans être membre du conseil. Un certain flottement se laisse percevoir dans le fonctionnement des institutions. Il est demandé aussi à chaque membres d’inscrire la liste des thèmes qui l’intéresse, d’expliquer les motifs de cet intérêt et de soumettre le tout au conseil qui décide de la programmation. Le nom du groupe a déjà dû être choisi car le šay¢ MuŸammad YŽsuf MŽs… propose de le changer pour éviter toute confusion avec son prédécesseur 2087 . Cette proposition, nous le savons, ne sera jamais retenue car c’est sous le nom de I¢w…n al-™af…’ que l’association se fait connaître et publie ses statuts.

Les statuts de l’association comportent trois grandes parties. La première porte sur le projet de l’association, la deuxième sur la profession de foi sous forme d’articles, la troisième précise le règlement intérieur et donne la liste des membres fondateurs. dans le projet de l’association le mot dialogue n’apparaît à aucun moment même si c’et bien de dialogue dont il s’agit : « [...] chacune des parties montrerait son propre point de vue et chercherait à comprendre le point de vue de l’autre. »

Notes
2087.

Cf. Y. Marquet, « Ikhw…n al-±af…’ », ei III, p. 1098-1103, groupe d’ism…‘€liens qui a vécut à la fin du Xème siècle dont les épîtres sont très connues.