II.2011Dévolution et Institutionnalisation

Margolinas (1993), citant Brousseau (1987, p. 39) précise à la fois le rôle joué par le maître et par l’élève : ‘’il ne suffit pas de ’communiquer’ un problème à un élève pour que ce problème devienne son problème et qu’il se sente seul responsable de le résoudre. Il ne suffit pas non plus que l’élève accepte cette responsabilité pour que le problème qu’il résout soit un problème universel dégagé de présupposés subjectifs. Nous appelons ’dévolution’ l’activité par laquelle le professeur cherche à atteindre ces deux résultats’.’

Comme le précise Margolinas (1993, p. 38), la dévolution n’implique pas une non participation de l’enseignant dans la situation, mais plutôt un désengagement vis-à-vis du savoir à enseigner. L’enseignant est responsable de ‘’l’engagement persistant de l’élève dans une relation adidactique avec le problème’’ : la dévolution est alors censée durer tout le long de la séance d’enseignement. Par exemple, Brousseau (1998, p. 63) à propos d’un jeu de lapin et de canard dont l’objectif du problème est de favoriser l’apprentissage de l’énumération, présente différents types de dévolution. De plus, la dévolution suppose aussi l’élaboration d’un moyen sûr pour que l’élève puisse de lui-même vérifier les actions qu’il va mener pour réaliser le problème. L’enseignant doit donc organiser la situation dans cet objectif sinon l’une des conséquences est que l’élève ait recours à l’enseignant seul détenteur du savoir à acquérir.

Comme nous le verrons par la suite, il doit donc exister un milieu qui permet à la fois à l’élève d’avoir des appréciations sur ses actions et à l’enseignant d’estimer leurs pertinences comme ‘’des indices de l’appropriation du savoir’ (Brousseau, 1998, p. 93).

Dans la classe, institutionnaliser consiste pour l’enseignant à ‘’constater ce que les élèves devaient faire (et refaire) ou non, avaient appris ou avaient à apprendre’’ (Brousseau, 1998, p. 311) : c’est une autre fonction en plus de celle d’organiser l’enseignement. Cependant, comme le précise Brousseau (1998‘), ’l’objet de l’institutionnalisation’ se réfère à la fois à l’élève et au professeur : ‘’La prise en compte ’officielle’ par l’élève de l’objet de la connaissance et par le maître, de l’apprentissage de l’élève est un phénomène social très important et une phase essentielle du processus didactique : cette double reconnaissance est l’objet de l’institutionnalisation.’’ (1998, p. 311).

Par conséquent, institutionnaliser est l’un des rôles de l’enseignant puisque c’est lui qui désignera à l’élève la connaissance ’qu’il devra savoir’ et c’est lui qui donnera un statut ’officiel’ à certaines actions, formulations de l’élève en relation à cette connaissance. L’appréciation de l’apprentissage des élèves passe par celle du sens construit dans les différentes situations proposées et ‘’l’enseignant doit prendre acte de ce que les élèves ont fait, décrire ce qu’il s’est passé et ce qui a un rapport avec la connaissance visée, donner un statut aux événements de la classe, comme résultat des élèves et comme résultat de l’enseignant (...)’’ (Brousseau, 1998, p 311). Ainsi, suite à la résolution d’un problème, la validation de la réponse de l’élève va conduire l’enseignant à entrer en scène de plusieurs façons afin de donner un statut officiel à la réponse de l’élève :