Limites et perspectives

Nous avons présenté la complémentarité des deux méthodes d’analyses globale et locale pour étudier l’influence de l’organisation des contenus sur l’activité des élèves. Elles rendent possible une analyse des informations que les élèves sélectionnent durant la résolution d’un problème posé permettant d’expliquer certaines des difficultés des élèves à mobiliser les connaissances attendues. Cette analyse aurait pu être approfondie en comparant plus systématiquement les informations sélectionnées par les élèves à celle proposée dans le contenu de la tâche et en identifiant les informations non sélectionnées ce qui pourrait donner de nouveaux indices pour expliquer les difficultés des élèves au cours de la réalisation des tâches des différentes séquences. Une telle analyse pourrait également mettre en lumière les informations non ’appropriables’ par les élèves à un certain moment de la séquence.

Il aurait été également intéressant de faire réaliser les différentes séquences de TP par des élèves seuls. Ce dispositif aurait pu permettre d’évaluer plus précisément l’apport des différentes ressources proposées. En effet, dans une telle situation, nous supposons que l’élève va se référer plus régulièrement à différentes informations que lorsqu’ils sont deux : le seul soutient de l’élève étant l’hypermédia. Dans le cas d’une dyade, les élèves peuvent s’entre-aider lors de la résolution des problèmes posés ce qui peut les amener alors à utiliser moins fréquemment les ressources proposées. De plus, l’analyse du fonctionnement des dyades est plus riche puisqu’elle donne lieu à l’enregistrement des verbalisations des élèves et permet de déceler les difficultés des élèves, d’expliquer, dans une certaine mesure, l’utilisation des ressources. Pour un élève seul, il faudra envisager l’élaboration d’une trace plus précise, enrichir les aides proposées comme par exemple un logiciel qui diagnostique les difficultés des élèves, un précepteur qui stimule l’élève à poursuivre sa résolution de problème, des feed-back plus proche des difficultés des élèves ...

Au vu des résultats obtenus, il semble qu’un tel cadre théorique convienne pour organiser des contenus d’enseignement de la physique, mais nous pourrions améliorer l’organisation actuelle en tenant compte des difficultés des élèves présentés précédemment. Nous avons remarqué par exemple l’importance de spécifier à l’élève le modèle qu’il doit utiliser pour réaliser la tâche. Ce résultat pourrait donner lieu à la modification de certaines tâches des séquences de TP (TP3) et à de nouvelles expérimentations.

Enfin, il serait intéressant de rechercher une ’méthode’ pour ’problématiser’ les tâches dont les actions des élèves sont limitées à la lecture d’une définition et à l’observation d’une animation afin d’amener les élèves à se poser des questions sur le contenu. Cela serait l’occasion d’insérer dans ce genre de logiciel des outils favorisant l’argumentation des élèves, des précepteurs qui suivraient la démarche des élèves et qui les amèneraient à s’interroger sur un tel contenu...

En conclusion de ce travail de recherche, dans le cadre des Hypermédias et de l’apprentissage, nous aimerions mettre en lumière deux points que nous considérons essentiels lors de la conception d’un hypermédia.

Le premier point consiste à souligner l’importance d’élaborer des tâches qui suscitent un questionnement de l’apprenant par rapport au contenu. Nous avons vu qu’il est important d’organiser les contenus, de proposer de diverses représentations du savoir à enseigner. Cependant, parvenir à rendre ’problématique’ un contenu est fondamental pour amener l’utilisateur à se questionner par rapport au contenu proposé et/ou à mettre en doute son système explicatif ce que certains de nos résultats ont mis en évidence.

Pour le second point, il s’agit de souligner l’apport du point de vue de l’apprentissage de la séquentialisation du contenu d’enseignement. Cette séquencialisation a l’avantage de proposer une organisation progressive des savoirs relative aux difficultés des élèves, à leurs besoins en les amenant à construire du sens dans un certain ordre à partir de mises en scènes élaborées à cet effet, de tâches successives et répétitives.

Cette organisation implique également une navigation linéaire ce qui se détache du concept de l’hypertexte où l’information est morcelée et placée à différents endroits : l’utilisateur allant la rechercher d’une manière non-linéaire. De notre point de vue, il est donc nécessaire pour concevoir un hypermédia éducatif d’élaborer des séquences d’enseignement ce qui nécessite une analyse fine du savoir en jeu des points de vue des niveaux de modélisation, des systèmes sémiotiques. Cette analyse est indispensable pour prendre en compte le fonctionnement cognitif de l’élève et l’aider ainsi à construire du sens.