Introduction

S’approprier un lieu, se déplacer dans l’espace suppose nécessairement de s’inscrire dans la durée. Nous l’avons vu, les interactions individuelles s’inscrivent dans les échelles plus larges de la société grâce à certains médiateurs spatiaux (frontières, appropriation des lieux par un système symbolique...). De la même manière, nous dégagerons ici les paramètres permettant de relier les différentes échelles de temps de la vie sociale.

Nous traiterons ici des processus d’apprentissage des cadres temporels qui permettent la socialisation des individus et leur participation à la vie collective. En analysant dans les pages qui vont suivre le processus de leur institutionnalisation (premier point), les séquences qui rythment nos activités, les cadres sociaux de notre mémoire, nous gardons en perspective la question des transformations qui affectent notre rapport au temps dans le contexte actuel, d’une mobilité qui devient un mode de vie généralisé et un système de valeur dominant.

Dans un premier point, nous soulignerons la nature paradoxale du temps, à travers un double mouvement de dépassement. Le temps, donnée naturelle et cadre commun qui s’impose à nous, n’en a pas moins été institutionnalisé. Nous traiterons ensuite des formes de son appropriation : langage commun à tous, le temps est aussi le support de l’individualisation ; système de contrainte, il est aussi le support d’historicité des acteurs.

En second lieu, nous tenterons de comprendre comment certains cadres temporels permettent de concilier l’hétérogénéité (sociale, culturelle) des rythmes qui marque aussi bien la société que l’individu (dans sa vie quotidienne, au long de son parcours), avec la permanence et la cohérence nécessaires à la vie sociale.