Section 21 : Mobilité et multi-localisation : vers une multi-appartenance ?

La question de l’appartenance renvoie à celle de la cohésion sociale. C’est ce qui relie les individus entre eux, au travers d’une certaine homogénéité, d’un ensemble de références, normes, règles et pratiques collectives. Selon cette perspective, on peut dire que le social se spatialisait jusqu’alors au travers de collectifs relativement stables et homogènes comme la nation, la localité, etc., que nous nommons pour l’instant des ’territoires’. L’ancrage relativement pérenne des individus, l’appropriation collective des lieux et le partage d’une mémoire commune caractérisaient ces ’territoires’. Quel est aujourd’hui l’espace d’appartenance d’un individu amené à fréquenter quotidiennement des lieux et des milieux parfois fort nombreux et hétérogènes ? Les espaces sur lesquels se déroulent nos activités quotidiennes sont-ils encore vecteurs d’appartenance sociale ou deviennent-ils de simples supports fonctionnels et substituables ? Parallèlement, que deviennent les territoires lorsque les groupes qui les habitaient durablement deviennent des usagers plus ou moins temporaires (migrations) et plus ou moins permanents (multi-localisation) ? Dans un contexte de mobilité accentuée et socialement valorisée, on doit alors s’interroger sur la dimension collective des rapports à l’espace et au temps.

Afin de répondre à ces questions, nous aborderons dans un premier temps la question de l’individualisation des rapports à l’espace, dans ses implications à la fois individuelles (sur l’espace vécu au quotidien) et collectives (’les lieux du collectif’). Nous en viendrons dans un second temps à déplacer l’angle de vue, en posant la question du rapport à la mobilité comme principe de classement et celle, corollaire, de l’analyse sociologique des parcours et récits de vie.