221. Les frontières territoriales mises en question : de la nation comme pays, aux pays comme ressources patrimoniales

Nation et localité ont constitué depuis fort longtemps les deux points d’ancrage des appartenances ’territoriales’. Nous utilisons les guillemets pour marquer notre relative distance vis-à-vis de la généralisation de la notion de territoire, dont il est d’ailleurs intéressant de souligner la concomitance de son emploi avec l’affaiblissement de sa figure historique, c’est-à-dire l’Etat-Nation. Ces deux points d’ancrage sont, dans une certaine mesure, recomposés, voire remis en question.

Parallèlement, la période contemporaine est marquée par des phénomènes qui paraissent, à première vue, contradictoires. L’accentuation de la mobilité des hommes, et plus largement ce que l’on nomme aussi la ’mondialisation’, s’accompagne d’une montée du nationalisme, du régionalisme et d’une crispation des identités ’territoriales’. Comme nous allons le montrer, ce paradoxe n’est qu’apparent si l’on prend la mesure des effets dissolvant et excluant de ce passage vers un ordre mondial orienté par l’économique et non plus par le politique.

Nous commencerons par préciser la notion de territoire et les formes d’identification qui lui sont associées.

Nous aborderons ensuite la question de l’appartenance nationale et de sa remise en question actuelle. Nous montrerons ensuite l’importance de l’ancrage communal dans les appartenances les plus quotidiennes et concrètes, ce qui nous permettra de mieux comprendre les enjeux récents de la mise en place des ’pays’.