Le zonage Insee, distingue quatre grandes catégories d’espace dont les trois premières constituent ’ l’espace à dominante urbaine ’.
les pôles urbains, sont des unités urbaines offrant 5000 emploi ou plus et qui n’appartiennent pas à la couronne périurbaine d’un autre pôle urbain. Il s’agit donc d’un lieu de polarisation et d’attraction de population non-résidente, qui ’subit’ moins d’influence qu’il n’en exerce sur son environnement.
l’aire urbaine est constituée par un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, dont l’une est un pôle urbain, et les autres, communes rurales ou unités urbaines, comprennent chacune au moins 40 % de leur population résidente qui vont travailler dans le pôle ou dans des communes placées sous son influence.
Les communes multipolarisées sont des communes rurales ou des unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui forment avec elles un ensemble d’un seul tenant.
l’espace à dominante rurale est alors défini comme un solde regroupant l’ensemble des communes et petites unités urbaines qui n’appartiennent pas à l’espace à dominante urbaine.
l’espace à dominante rurale est alors défini comme un solde regroupant l’ensemble des communes et petites unités urbaines qui n’appartiennent pas à l’espace à dominante urbaine.
Ce zonage est une nomenclature (reconnue officiellement) et contrairement aux ’typologies’ d’espaces, il délimite des entités géographiques.
Le ’complément rural’ du zonage en aires urbaines, proposé par l’INRA dans un ouvrage174, définit une typologie des espaces ruraux. Reconnaissant que la différence de traitement statistique entre ville et campagne, reflète dans une certaine mesure, la hiérarchie spatiale, et incidemment, l’ordre des priorités en matière d’aménagement du territoire175, les auteurs insistent néanmoins sur la diversité actuelle ’du rural’, qu’il convient de mieux saisir et prendre en compte. ’L’espace à dominante rurale’, regroupe sous le même vocable, des communes faiblement peuplées, et des unités urbaines n’ayant pas assez d’emplois pour être considérées comme ’pôles urbains’ mais suffisamment sans doute pour structurer leur espace environnant. Après de nombreux débats pour définir les critères susceptibles de rendre compte de la structuration de l’espace à dominante rurale et d’y définir des catégories176, le choix s’est porté sur les flux de migrations alternantes. Ce choix dénote un changement important dans la conception de la frontière entre le rural et l’urbain. La différence n’est plus de nature, mais de degré, puisque les deux grandes catégories d’espace sont considérées comme étant structurées par le même phénomène, les flux domicile-travail.
L’espace à dominante rurale comprend quatre catégories de communes
les communes appartenant au ’ rural sous faible influence urbaine’, subissent l’influence d’un pôle urbain mais dans une moindre mesure que les communes de la première couronne périurbaine, puisqu’elles n’envoient que 20 % de leurs actifs résidents, vers les aires urbaines (dans les pôles, ou dans les communes placées sous l’influence du pôle).
Les pôles ruraux, sont les communes comprenant plus de 2000 emplois, mais moins de 5000.
La périphérie des pôles ruraux, comprend les communes dont au moins 20% des résidents travaillent dans des pôles ruraux.
le solde composé des communes hors influence urbaine et hors influence des pôles ruraux : le ’rural isolé’.
Cette typologie complémentaire au zonage en aires urbaines, proposée par l’INRA, a été validée par l’INSEE 177.
Ces nouveaux zonages ont permis de mieux éclairer les dynamiques démographiques et migratoires des villes et des campagnes, qu’il faut dorénavant considérer dans leur diversité.
Une étude récente menée par des chercheurs de l’Inra et de l’Insee178 fait apparaître que la croissance démographique de l’espace à dominante rurale, amorcé dès 1982, se poursuit entre 1990 et 1999, cette catégorie retrouvant ainsi le même nombre d’habitants qu’en 1962, soit 13,6 millions. Si bien que le Figaro pouvait titrer ’le réveil de la France des champs’179, expression révélatrice de la sensibilité médiatique aux signes de ’renaissance des campagnes’.
Mais les chercheurs en question, de préciser que si regain démographique du rural il y a, c’est une évolution ’contrastée’, et si ’le rural fait le plein [c’est ]à l’ombre des villes dynamiques’. La dynamique démographique des espaces ruraux restant dépendante des celles des villes.
Néanmoins, le fait nouveau et marquant pour cette période est, sans conteste, le regain démographique du ’rural isolé’, dont le solde migratoire devient largement positif (0,29% par an). La moitié des communes de ces ’campagnes profondes’ gagne à présent de la population. Comment expliquer cette vigueur nouvelle du rural isolé, que l’on ne peut imputer au desserrement urbain ? Faut-il en revenir à l’hypothèse d’une ’relocalisation’, base de nombreux discours médiatiques, évoquant tantôt les cas ’exemplaires’ de ceux qui ont fait le ’choix d’une vie nouvelle à la campagne’ (télétravail, derniers commerces, créateurs d’entreprises ou d’exploitations agricoles) tantôt les signes plus inquiétants d’un transfert de pauvreté urbaine dans le rural profond ? On ne peut sans doute répondre à la question en terme d’alternative générale, tant il est vrai que les espace ruraux sont diversifiés, et que les migrations répondent à des logiques sociales disparates. Il nous faut donc en venir à une analyse empirique, objet de notre seconde partie.
INSEE- INRA, 1998 - Les campagnes et leurs villes. INSEE, Coll. Contours et caractères, 203 p.
LE JEANNIC T., PIGUET V., 1999 - Villes et campagnes : de quoi parle-t-on ?, in : INRA-INSEE, op. cit. p. 11 : ’Depuis longtemps déjà, les moteurs économiques, démographiques, culturels, politiques, administratifs de la société se situent dans les villes. Elles sont donc au sommet d’une hiérarchie qui se retrouve dans le mode d’élaboration de concepts destinés à distinguer la ville de la campagne. Il ne faut donc pas s’étonner de ce que le monde rural soit souvent défini de façon résiduelle par rapport au monde urbain.’
Les critères avancés furent très divers, celui du niveau d’équipement retenu dans un premier temps, l’attention. Considérant que l’urbain et le rural n’étaient pas structurés par les mêmes champs de force, on avança l’idée que le second était structuré autour de la fonction de pôle d’équipement, des bourgs ruraux.
INRA, Science sociales, n° 5, novembre 1997, p. 1.
BESSY-PIETRI P., HILAL M., SCHMITT B., 2000 - Recensement de la population 1999 – Evolution contrastée du rural, in : INSEE première, n° 726.
’Le réveil de la France des champs’, in : Le Figaro, jeudi 6 juillet 2000, p. 8.