Le zonage en Aires Urbaines de l’INSEE

Le zonage Insee, distingue quatre grandes catégories d’espace dont les trois premières constituent ’ l’espace à dominante urbaine ’.

Ce zonage est une nomenclature (reconnue officiellement) et contrairement aux ’typologies’ d’espaces, il délimite des entités géographiques.

Le ’complément rural’ du zonage en aires urbaines, proposé par l’INRA dans un ouvrage174, définit une typologie des espaces ruraux. Reconnaissant que la différence de traitement statistique entre ville et campagne, reflète dans une certaine mesure, la hiérarchie spatiale, et incidemment, l’ordre des priorités en matière d’aménagement du territoire175, les auteurs insistent néanmoins sur la diversité actuelle ’du rural’, qu’il convient de mieux saisir et prendre en compte. ’L’espace à dominante rurale’, regroupe sous le même vocable, des communes faiblement peuplées, et des unités urbaines n’ayant pas assez d’emplois pour être considérées comme ’pôles urbains’ mais suffisamment sans doute pour structurer leur espace environnant. Après de nombreux débats pour définir les critères susceptibles de rendre compte de la structuration de l’espace à dominante rurale et d’y définir des catégories176, le choix s’est porté sur les flux de migrations alternantes. Ce choix dénote un changement important dans la conception de la frontière entre le rural et l’urbain. La différence n’est plus de nature, mais de degré, puisque les deux grandes catégories d’espace sont considérées comme étant structurées par le même phénomène, les flux domicile-travail.

L’espace à dominante rurale comprend quatre catégories de communes

Cette typologie complémentaire au zonage en aires urbaines, proposée par l’INRA, a été validée par l’INSEE 177.

Ces nouveaux zonages ont permis de mieux éclairer les dynamiques démographiques et migratoires des villes et des campagnes, qu’il faut dorénavant considérer dans leur diversité.

Une étude récente menée par des chercheurs de l’Inra et de l’Insee178 fait apparaître que la croissance démographique de l’espace à dominante rurale, amorcé dès 1982, se poursuit entre 1990 et 1999, cette catégorie retrouvant ainsi le même nombre d’habitants qu’en 1962, soit 13,6 millions. Si bien que le Figaro pouvait titrer ’le réveil de la France des champs’179, expression révélatrice de la sensibilité médiatique aux signes de ’renaissance des campagnes’.

Mais les chercheurs en question, de préciser que si regain démographique du rural il y a, c’est une évolution ’contrastée’, et si ’le rural fait le plein [c’est ]à l’ombre des villes dynamiques’. La dynamique démographique des espaces ruraux restant dépendante des celles des villes.

Néanmoins, le fait nouveau et marquant pour cette période est, sans conteste, le regain démographique du ’rural isolé’, dont le solde migratoire devient largement positif (0,29% par an). La moitié des communes de ces ’campagnes profondes’ gagne à présent de la population. Comment expliquer cette vigueur nouvelle du rural isolé, que l’on ne peut imputer au desserrement urbain ? Faut-il en revenir à l’hypothèse d’une ’relocalisation’, base de nombreux discours médiatiques, évoquant tantôt les cas ’exemplaires’ de ceux qui ont fait le ’choix d’une vie nouvelle à la campagne’ (télétravail, derniers commerces, créateurs d’entreprises ou d’exploitations agricoles) tantôt les signes plus inquiétants d’un transfert de pauvreté urbaine dans le rural profond ? On ne peut sans doute répondre à la question en terme d’alternative générale, tant il est vrai que les espace ruraux sont diversifiés, et que les migrations répondent à des logiques sociales disparates. Il nous faut donc en venir à une analyse empirique, objet de notre seconde partie.

Notes
174.

INSEE- INRA, 1998 - Les campagnes et leurs villes. INSEE, Coll. Contours et caractères, 203 p.

175.

LE JEANNIC T., PIGUET V., 1999 - Villes et campagnes : de quoi parle-t-on ?, in : INRA-INSEE, op. cit. p. 11 : ’Depuis longtemps déjà, les moteurs économiques, démographiques, culturels, politiques, administratifs de la société se situent dans les villes. Elles sont donc au sommet d’une hiérarchie qui se retrouve dans le mode d’élaboration de concepts destinés à distinguer la ville de la campagne. Il ne faut donc pas s’étonner de ce que le monde rural soit souvent défini de façon résiduelle par rapport au monde urbain.’

176.

Les critères avancés furent très divers, celui du niveau d’équipement retenu dans un premier temps, l’attention. Considérant que l’urbain et le rural n’étaient pas structurés par les mêmes champs de force, on avança l’idée que le second était structuré autour de la fonction de pôle d’équipement, des bourgs ruraux.

177.

INRA, Science sociales, n° 5, novembre 1997, p. 1.

178.

BESSY-PIETRI P., HILAL M., SCHMITT B., 2000 - Recensement de la population 1999 – Evolution contrastée du rural, in : INSEE première, n° 726.

179.

’Le réveil de la France des champs’, in : Le Figaro, jeudi 6 juillet 2000, p. 8.