Section 51. Attachés aux lieux et aux liens

Parmi toutes les figures de l’attachement, celles-ci vivent de manière la plus problématique la relation à l’altérité, que celle-ci soit synonyme de l’Autre envahissant ou de l’ailleurs inaccessible. Nous l’avons dit, l’attachement aux lieux et aux liens n’est pas synonyme d’ancrage, ni de sociabilité intense. Il faut ici comprendre le contraire de ce qu’une acception du terme attachement laisserait entendre au premier abord. Etre attaché à des lieux signifie ne pouvoir en partir. Etre attaché à des liens signifie ne pouvoir que les maintenir, être dans l’impossibilité de s’en dégager pour en tisser de nouveaux.

Les figures concernées ont des profils apparents (touristes, paysans, néo-ruraux) fort différents, mais leurs attaches, par delà la diversité de leurs milieux sont les mêmes. Ce qui les distingue, néanmoins, est leur rapport au temps. L’immersion dans un espace sans ailleurs possible n’a pas le même sens selon l’itinéraire migratoire et l’étape du cycle de vie. La migration et l’entrée en couple inscrit dans un temps digital, celui où l’incertitude marque le devenir et chaque instant présent. Tandis que l’enracinement inscrit dans un temps ’en boucle’, où l’on est prisonnier d’une destinée. Il est à cet égard significatif qu’aucune figure ne soit inscrite dans une temporalité linéaire. Le temps où l’on pouvait prévoir, voir venir, et se projeter bon an mal an dans un avenir qui, sans doute, serait meilleur, est bien révolu ou demeure inaccessible.

Rappelons ces figures avant de les présenter une à une.

Rapport au temps
Rapport à l’espace Immersion circulaire linéaire digital Attachement Forme d’appar-tenance
Pas d’ailleurs envisageable Paysans du cru successeurs du père (4) Les fragiles en errance (3)
Les ouvriers des champs (2)
Aux liens
et aux lieux
communautaire collectif commun
Qualités des liens